Du matériel présenté par les autorités comme faisant partie de « l’arsenal » des « terroristes ». Ici, essentiellement des outils de bricolage. / Cameroun.info

Les 2 et 3 août, cinq personnes présentées comme des « indépendantistes » de la minorité anglophone ont été arrêtées au nord-ouest du Cameroun, selon le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary. Sur la télévision d’Etat CRTV, ce dernier a déclaré mercredi 9 août que ces personnes voulaient « perpétrer des attaques contre des forces de défense et de sécurité, des responsables militaires et des autorités administratives ».

L’un des hommes arrêtés, le « cerveau » de la bande, Alfred Ngyah Dasi, est un Nigérian d’origine camerounaise. Il a été présenté comme le chef du « Liberation Movement of Southern Cameroon » (Mouvement de libération du Cameroun du Sud). Lors d’une perquisition chez lui, les policiers auraient découvert « dissimulé dans un bunker, des armes à feu semi-automatiques, des appareils de vision nocturne (…), des lunettes de tir, un épiscope de tir avec blindage, des bipieds et trépieds pour armes de précision, des chargeurs pour tireurs d’élite », selon Issa Tchiroma Bakary. Ce dernier, qui a assuré que les enquêtes se poursuivaient, a affirmé que du matériel nécessaire pour fabriquer et déclencher des explosifs a aussi été retrouvé.

Rompre avec les francophones

Les autres personnes arrêtées feraient partie, selon la communication gouvernementale, du même mouvement. Le « Liberation Movement of Southern Cameroon » est le « bras armé » de l’« Ambazonie », nom de la république indépendantiste que certains anglophones veulent créer pour rompre avec la majorité francophone du pays. Depuis novembre 2016, la minorité anglophone du Cameroun - environ 20 % de la population estimée à 22 millions - proteste contre ce qu’elle appelle sa marginalisation.

Une frange de cette minorité aspire au fédéralisme, une autre demande une amélioration des conditions de vies, et une troisième - dont des anglophones de la diaspora - lutte pour la partition du pays. Leurs contestations sont néanmoins réprimées par le gouvernement de Paul Biya, au pouvoir depuis près de 35 ans. L’internet avait été coupé pendant trois mois dans les zones anglophones, avant d’être rétabli le 20 avril.

Plusieurs leaders anglophones sont écroués depuis fin 2016 et font actuellement l’objet d’un procès pour « terrorisme ». Il s’agit de l’avocat Felix Nkongho Agbor, du professeur Fontem Neba, de l’animateur radio Mancho Bibixy, alias BBC, ainsi que 24 jeunes gens. Ils sont notamment accusés d’« actes de terrorisme » et de « complicité d’actes de terrorisme ». Ils risquent la peine de mort. Tous plaident non coupables. Une nouvelle audience est prévue le 31 août.