Sur un navire de l’ONG Proactiva Open Arms, au large de la Libye, le 25 juillet. / Santi Palacios / AP

Les navires étrangers, notamment ceux appartenant à des ONG venant en aide aux migrants, ne pourront plus naviguer près des côtes libyennes. La marine libyenne a en effet annoncé, jeudi 10 août, la création une zone de recherche et de sauvetage au large de son territoire.

« Aucun navire étranger n’a le droit d’y accéder, sauf demande expresse de la part des autorités libyennes », a prévenu le général Abdelhakim Bouhaliya, commandant de la base navale de Tripoli, au cours d’une conférence de presse. Un porte-parole de la marine, le général Ayoub Kacem, a précisé que cette décision visait notamment « les ONG qui prétendent vouloir sauver les migrants clandestins et mener des actions humanitaires ».

Lire l’interview du président de MSF Italie : « On veut criminaliser les ONG »

« Par cette annonce, nous souhaitons envoyer un message clair à tous ceux qui portent atteinte à la souveraineté libyenne et manquent de respect aux garde-côtes et à la marine », a poursuivi M. Kacem. « Vous devez respecter notre volonté » et « obtenir l’autorisation de l’Etat libyen même pour les opérations de secours », a-t-il affirmé en s’adressant aux ONG.

Un « code de conduite » en Italie pour les ONG

Ces annonces ont été faites par les autorités loyales au chef du gouvernement d’entente nationale, Faïez Sarraj, reconnu par la communauté internationale. Profitant du chaos qui règne en Libye, des trafiquants font passer chaque année des dizaines de milliers de migrants à destination de l’Italie, en leur demandant d’importantes sommes d’argent.

Avec des capacités diminuées, la marine libyenne n’est pas en mesure de sécuriser ses frontières maritimes et a ainsi demandé en juillet un appui naval à l’Italie pour lutter contre les départs de migrants clandestins depuis les côtes du pays.

La semaine dernière, l’Italie avait également averti les ONG secourant les migrants en Méditerranée qu’elles ne pourraient pas poursuivre leurs missions si elles ne se conformaient pas à « un code de conduite » élaboré par Rome. Ce texte oblige notamment les organisations à accueillir à bord un policier italien qui surveillerait leurs activités.

Ainsi, accusée de « favoriser l’immigration clandestine », plutôt que de sauver des vies, l’ONG allemande Jugend Rettent avait été privée de son navire de secours par les autorités italiennes le 2 août. Le bateau a ensuite été saisi par la justice italienne en raison de soupçons sur les liens entre l’ONG et des passeurs de migrants au large des côtes libyennes.