Donald Trump doit faire face à un nouveau front de contestations. Cinq femmes transgenres employées par l’armée américaine ont engagé mercredi 9 août des poursuites judiciaires contre le président des Etats-Unis et contre le Pentagone. En cause la récente annonce du milliardaire républicain stipulant que les personnes transgenres ne pourraient plus travailler dans l’armée.

Les poursuites ont été lancées devant un tribunal fédéral par les cinq plaignantes, de l’armée de l’air, des garde-côtes et de l’armée de terre. Sous pseudonyme, elles évoquent les incertitudes au sujet de leur avenir, y compris en ce qui concerne un éventuel renvoi ou leurs droits à la retraite.

La plainte a été déposée par le Centre national pour les droits des lesbiennes (NCLR) et l’Alliance gay et lesbienne contre la diffamation (Glaad). D’après les estimations, jusqu’à 15 000 personnes transgenres pourraient servir actuellement dans l’armée américaine, sur 1,3 million de militaires en service actif.

« La directive de Trump d’exclure les personnes transgenres du service dans l’armée a provoqué une énorme vague de dégâts qui sont déjà ressentis à travers notre armée », a fait savoir Shannon Minter, directrice juridique du NCLR.

« Les militaires transgenres ont été pris de court par cette évolution et peinent à appréhender ce que cela signifie pour leur avenir et pour leurs familles », a-t-elle poursuivi.

La plainte vise M. Trump, mais également le ministre de la défense, Jim Mattis, ainsi que plusieurs autres hauts responsables militaires. Le président états-unien avait fait sa déclaration sans coordination avec le Pentagone et pendant les vacances du ministre de la défense, laissant le ministère se dépêtrer pour donner une position cohérente.

Une mesure toujours pas effective

Barack Obama avait décidé en 2016 d’ouvrir l’armée aux recrues transgenres. Au début de juillet, le ministre de la défense de Donald Trump avait décidé de retarder l’application de la mesure. Donald Trump a enterré le changement quelques semaines plus tard, déclarant que le « gouvernement des Etats-Unis n’acceptera[it] pas ou ne permettra[it] pas aux personnes transgenres de servir (…) dans l’armée américaine ».

Selon la plainte, remettre en vigueur cette interdiction constitue une discrimination contraire à la Constitution. Mais pour l’heure le gouvernement n’a toujours pas traduit cette déclaration en réelle directive, selon une déclaration d’un porte-parole de l’armée au New York Times.

« Il n’y aura pas de modifications de la politique actuelle tant que la directive présidentielle n’aura pas été reçue par le secrétaire à la défense et que le secrétaire n’aura pas émis d’instructions pour la mettre en œuvre », avait précisé à la fin de juillet le général Joseph Dunford, le chef d’état-major interarmées.

Mais l’absence de directives gouvernementale n’est pas un argument pour Shannon Minter, du NCLR. Selon elle, l’annonce du président a déjà porté préjudice aux militaires transgenres en raison de l’incertitude qu’elle a générée. « C’est essentiel d’agir dès maintenant », a-t-elle assuré au New York Times.

Au moins trois autres associations – Lambda, Outserve et l’Union américaine pour les libertés civiles – ont d’ores et déjà déclaré qu’elles étaient prêtes à lancer des poursuites. Elles attendent, pour cela, que Donald Trump traduise ses paroles en actes.