Au moins 24 personnes ont été tuées par la police au Kenya depuis l’élection présidentielle du 8 août, a annoncé samedi 11 aout la Kenya National Commission on Human Rights (KNCHR), un organe de protection des droits de l’homme.

Dès l’annonce des résultats par la Commission électorale vendredi soir, des émeutes ont en effet éclaté dans les fiefs de l’opposition au président réélu, Uhuru Kenyatta.

Samedi, en milieu de journée, les violences persistaient dans les grands bidonvilles de la capitale Nairobi. A Kibeira, les hélicoptères dans le ciel sont omniprésents et les tirs de gaz lacrimo incessants, et des journalistes ont été agressés par des policiers antiémeutes, selon un journaliste du Monde sur place.

Des groupes de jeunes ont participé aux affrontements au milieu des pneus brûlés et des graffitis de slogans « Amani » (« Paix ») peints en blanc sur les batiments publics ou à même le tarmac, restes de dix ans de travail des ONG pour prêcher la paix à Kibeira après les massacres post-électoraux de 2007. La situation s’est ensuite calmée cependant dans plusieurs parties du bidonville, et quelques commerces on commencé à réouvrir.

L’opposition ne renonce pas

L’opposition kényane, menée par Raila Odinga, conteste les résultats du scrutin du 8 août, et dénonce des fraudes. Elle a averti samedi qu’elle ne renoncerait pas à obtenir la proclamation de son candidat comme vainqueur à la présidentielle.

« Nous ne nous laisserons pas intimider, nous ne renoncerons pas », a déclaré Johnson Muthama, un haut responsable de la coalition politique Nasa, dans une conférence de presse, décrivant la répression des émeutes par la police comme une tentative « de soumettre » l’opposition.

« Uhuru Kenyatta ne dispose d’aucun mandat pour être le président du Kenya », a poursuivi M. Muthama. L’opposition a exclu un recours en justice contre la réélection de M. Kenyatta. « Pour l’instant, nous appelons nos partisans et les Kényans à rester à l’abri du danger ».

Dès l’annonce des résultats vendredi soir, le président réélu Uhuru Kenyatta a tendu la main à l’opposition. « Nous ne sommes pas des ennemis, nous sommes des citoyens de la même république », a-t-il déclaré dans son discours de victoire. « Les élections vont et viennent. Mais le Kenya est ici pour rester », a-t-il ajouté.