Mariya Lasitskene, le 10 août, lors des qualifications du saut en hauteur. / Matt Dunham / AP

La médaille d’or de Kevin Mayer au décathlon n’a jamais paru aussi proche. La tâche s’annonce en revanche plus ardue pour le relais 4 x 100 m français, qui s’est qualifié pour une finale forcément historique puisque Bolt y fera ses adieux. Du coup, il est possible que le saut en hauteur passe relativement inaperçue dans ce bouillonnement d’émotions. Voilà une injustice de plus, se dira sûrement Mariya Lasitskene, archi-favorite du concours.

  • La story

Les chiffres sont parlants. Au royaume des parieurs, ne misez pas une livre sterling sur Mariya Lasitskene, cela risque de ne pas vous rapporter gros. Samedi matin, la cote d’une victoire de la sauteuse en hauteur lors de la finale prévue le soir même fluctuait aux alentours de 1,11. Autrement dit, miser 100 euros sur Lasitskene générerait un gain de 11 euros, en cas de sacre de la Russe. Pas vraiment le gros lot. En revanche, mettre ses billes sur la Polonaise Kamila Licwinko ou l’Américaine Vashti Cunningham pourrait rapporter 12 à 15 fois la mise initiale. Mais l’opération est beaucoup plus risquée.

Pour comprendre le choix des opérateurs de paris, il faut peut-être citer un autre chiffre. Ou plutôt un pourcentage : 100 %. Cette année, la totalité des 10 meilleures performances de l’année - sans compter la saison hivernale en salle - ont été réalisées par une seule et même athlète : Mariya Lasitskene. Celle qui a franchi une barre à 2,06 m - à seulement 3 centimètres du record poussiéreux de la Bulgare Steka Kostadinova, établi il y a presque trente ans - possède même les 11 meilleurs sauts de 2017. Car la concurrence est plutôt dans le creux de la vague : aucune autre femme n’a franchi de barre au-delà des 2 mètres, l’Américaine Vashti Cunningham s’en étant approché à un centimètre.

Un dernier chiffre, enfin, sonnant et trébuchant, pour aider à mieux cerner la domination de la native de Prokhladny, dans le Nord Caucase. En novembre 2016, quelques mois après les Jeux de Rio dont furent privés les athlètes russes pour cause de scandale de dopage d’Etat en Russie, Moscou a décidé d’indemniser les athlètes frustrés de ne pas avoir pu se rendre au Brésil. En moyenne, d’après les médias russes, ils reçurent 16 000 dollars chacun. Mais certains ont perçu de plus coquettes indemnités, et Lasitskene en faisait partie. Selon l’agence russe TASS, elle aurait touché 63 000 dollars, soit la récompense prévue pour une médaille d’or. Pas sûr que cela l’ait totalement consolée, elle qui s’était déclarée « déçue » et « indignée » de cette mise à l’écart par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF).

Pas d’hymne russe

A 24 ans, Mariya Lasitskene a déjà été championne du monde, en 2015 à Pékin. À l’époque, elle s’appelait encore Mariya Kuchina et ne s’était pas encore mariée avec Vladas Lasitskas, un commentateur sportif, ce qui a sérieusement compliqué le travail de Patrick Montel et des autres journalistes TV. Elle s’inscrit aujourd’hui dans les pas de sa compatriote Anna Chicherova, championne olympique à Londres en 2012 et championne du monde à Daegu (Corée du Sud) en 2011.

Pas sûr qu’en ces temps agités côté russe, la comparaison plaise beaucoup. Car Chicherova s’est fait prendre dans les mailles du filet de l’antidopage, en 2016. Son échantillon des Jeux de Pékin 2008, conservé pendant huit ans, a été retesté et s’est révélé positif. L’IAAF l’a depuis suspendue et lui a retiré sa médaille de bronze.

D’ailleurs, puisque la Fédération russe d’athlétisme est toujours suspendue par l’IAAF, c’est sous bannière neutre que concourt Lasitskene - comme 18 autres « Authorized neutral athletes ». En fait, tous des Russes, repêchés sur critères individuels. Si elle gagne l’or, il n’y aura donc pas d’hymne russe. Drôle de podium en perspective.

Vendredi soir, la sauteuse en longueur Darya Klishina - seule Russe présenté à Rio, où elle avait terminé 9e -, a échoué de peu à ramener une première médaille d’or. Pour deux centimètres, elle a dû s’incliner face à l’Américaine Brittney Reese (7,00 m, contre 7,02 m). Au total, les athlètes « neutres » ont pour l’instant ramené 3 médailles d’argent. En attendant l’or, peut-être de Mariya Lasistskene.

  • Hors piste

Ci-dessus, deux photos. À gauche, Hero le hérisson, mascotte de ces Mondiaux dont on vous a déjà parlé. À droite, Pat Sharpe, célèbre présentateur télé et DJ dans les années 1980. À moins que ça ne soit l’inverse…

Course compliquée vendredi soir pour la Kényane Beatrice Chepkoech, en finale du 3 000 m steeple. Elle a en effet oublié de sauter la rivière, à un moment de la course. C’est ballot et pas vraiment autorisé. La coureuse a terminé quatrième de la course tout de même. De quoi laisser quelques regrets.

Grosse affluence pour les séries du 4x100 m ce samedi matin, où Usain Bolt, exceptionnellement, avait décidé de participer (la Jamaïque s’est qualifiée pour la finale de ce soir). Et ça se bousculait en zone mixte pour recueillir les propos du Jamaïcain, caché derrière la forêt de micros.

  • En piste

20 h 05 : finale du saut en hauteur féminin

21 h 05 : finale du 100 m haies

21 h 15 : finale du lancer du javelot masculin

21 h 20 : finale du 5 000 m masculin

21 h 45 : dernière épreuve du décathlon, le 1 500 m

22 h 30 : finale du 4 x 100 m féminin

22 h 50 : finale du 4 x 100 m masculin