Souffrance et joie, Yohann Diniz s’écroule au sol au moment de franchir en vainqueur la ligne d’arrivée du 50 km marche. / MATTHEW CHILDS / REUTERS

La délégation française a obtenu le 13 août, dernier jour des compétitions, sa troisième médaille d’or. Le marcheur Yohann Diniz rejoint le décathlonien Kevin Mayer, sacré hier, et le spécialiste du 800 m, Pierre-Ambroise Bosse.

Il faut rajouter à ce bilan encore provisoire la médaille de bronze du perchiste Renaud Lavillenie. En soirée, la discobole Mélina Robert-Michon sera en course pour un podium. L’or paraît hors de portée dans une discipline ultra-dominée par la Croate Sandra Perkovic. Les Françaises n’ont pour le moment gagné aucune médaille.

  • La story

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Mélina Robert-Michon, 38 ans, et Sandra Perkovic, 27 ans, ont un peu plus de dix ans d’écart et elles squattent ces dernières années les podiums des grands championnats. Mais cet écart de génération est gommé par l’éclosion tardive de la première. Alors que la deuxième a commencé à gagner à l’âge de 20 ans, l’autre n’a connu la joie des médailles que sur le tard, à 34 ans. À Londres, Mélina Robert-Michon visera une nouvelle fois le podium et Sandra Perkovic n’aura d’yeux que pour l’or.

Vice-championne du monde 2013 et vice-championne olympique 2016, la lanceuse de disque française affiche une régularité impressionnante lors des grandes compétitions. Elle se construit petit à petit l’un des plus beaux palmarès de l’histoire des lancers français. Seule Micheline Ostermeyer, héroïne des JO de 1948… à Londres (deux médailles d’or au disque et au poids), lui est encore supérieure.

Quatorzième au bilan mondial avant le début de la compétition, la Lyonnaise a rassuré tout le monde lors des qualifications où elle s’est qualifiée grâce à son premier jet. De son côté, elle n’avait aucun doute à quelques jours des Mondiaux :

« La forme est en train de monter. J’ai eu une année compliquée avec un déménagement en mai. La fatigue s’est accumulée également à cause de déplacements, par exemple à Shanghaï pour la Diamond league. À Rio aussi, j’étais loin au bilan. Le bilan est une chose, le jour de la compétition en est une autre. Mon objectif est d’être bien le jour J, avec le maillot de l’équipe de France. »

De son côté, comme à son habitude, Sandra Perkovic est ultra-dominatrice. Avec son jet de qualification mesuré à 69,67 m, elle possède les quatre meilleures performances mondiales de l’année. Depuis son premier titre senior en 2010 à Barcelone (championnat d’Europe), elle a quasiment tout gagné : deux titres olympiques, un titre mondial, quatre titres européens et Diamond league… Sur sa route, elle n’a laissé échapper que la médaille d’or des Mondiaux de Pékin il y a deux ans, battue par une Cubaine, Denia Caballero. Mélina Robert-Michon :

« C’est une compétitrice hors pair. Alors que moi j’ai parfois du mal à trouver la motivation pour les meetings. Elle se transcende sur la moindre compétition. Avec son palmarès, même si elle n’a pas la reconnaissance mondiale qu’elle aurait si elle avait été sprinteuse, c’est un peu la Bolt du lancer. En Croatie, elle est très populaire. En 2012, elle a été la première sportive croate à devenir championne olympique lors des Jeux d’été. Cette année, elle a perdu deux fois en meeting, ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé tellement elle est au-dessus ».

La dernière finale olympique est l’illustration parfaite de la force mentale de la Croate. En mauvaise posture avant son troisième essai, décisif pour avoir le droit à trois chances supplémentaires, Perkovic lance toutes ses forces dans la bagarre pour réussir le jet qui la sacre une deuxième fois (69,21 m). « D’autres auraient joué la sécurité. Pas elle », admire Robert-Michon. En progression constante, elle a battu son record personnel le 18 juillet : 71,41 m, soit la meilleure performance depuis 1992.

Seule ombre à ce tableau en 2011, un contrôle positif pour dopage à la methylhexanamine, une substance psychostimulante. Alors âgée de 21 ans, la sportive explique qu’elle ignorait la présence de cette substance interdite comprise dans un médicament qu’elle prenait pour un mal de dos. Elle ne sera suspendue que six mois et reviendra à temps pour les JO de Londres. Qu’en pense Mélina Robert-Michon ? « Mon côté bisounours me pousse à croire qu’elle a dit vrai. J’ai envie de croire qu’elle est propre. »

Six ans après, personne ne pensera à cette erreur de jeunesse au moment de la finale du disque. Et la Française se concentre sur son objectif, une deuxième médaille mondiale. Bien que les Cubaines Denia Caballero et Yaime Perez aient lancé respectivement à 67 m et 69 m, soit au-delà de son record de Mélina Robert-Michon (66,73 m), elle ne croit pas en des performances de cet ordre à Londres. « Chaque année on dit que le niveau est plus relevé, que le podium va se jouer à 68 mètres, moi je ne crois pas. Il faudra lancer autour de 65, 66 mètres. Il faudra donc que je sois à mon meilleur niveau », prédit-elle.

Une obligation qui ne l’effraie pas. Lors de ses médailles mondiale et olympique, à Moscou en 2013 et à Rio en 2016, Mélina Robert-Michon avait à chaque fois battu le record de France pour grimper sur le podium. Juste derrière l’intouchable Sandra Perkovic.

  • Hors piste

Yohann Diniz est champion du monde du 50 km marche. / DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Le calvaire carioca paraît à des années-lumière. Terrassé en pleine course olympique par des troubles digestifs, Yohann Diniz avait failli abandonner avant de prendre la 8e place et de terminer à l’hôpital. À Londres, un an plus tard, le marcheur français prend une éclatante revanche sur le 50 km marche.

Sans référence cette saison, le marcheur rémois, médaillé d’argent il y a dix ans à Osaka, renoue avec un podium lors d’un grand championnat. Et de la plus belle des manières puisque à 39 ans, il monte sur la plus haute marche. Trois fois champion d’Europe, Diniz n’avait jamais gagné les championnats du monde.

Il s’impose en 3 heures 33 minutes et 12 secondes, le record des championnats et le deuxième chrono le plus rapide de l’histoire. Derrière, les Japonais Hirooki Arai, en argent, et Kai Kobayashi, en bronze, sont relégués à huit minutes. Yohann Diniz est toujours le recordman du monde de la spécialité, qu’il avait réalisé en 2014 : 3 heures 32 minutes et 33 secondes.

Aux abords du stade olympique, quelques minutes après la dernière course d’Usain Bolt, stoppée par une crampe dans la dernière ligne droite de sa vie, les curieux pouvaient se prendre en photo avec une championne du monde. L’Australienne Sally Pearson, en duplex avec une chaîne de son pays, était rayonnante et très disponible pour ses admirateurs. Vainqueure du 100 m haies, elle a surpris son monde puisqu’elle n’avait plus gagné un grand championnat depuis les Jeux de… Londres en 2012. Il faut croire que l’air londonien lui réussit bien.

La publicité n’est pas omnisciente : elle n’avait prévu la médaille de bronze sur 100 m et la blessure au relais 4 x 100 m d’Usain Bolt. Qu’importe, le Jamaïcain reste une légende, et pas seulement autoproclamée.

Aux Mondiaux de Londres, sur le chemin du métro, après avoir traversé l’immense centre commercial, héritage douteux des Jeux olympiques, les simples piétons peuvent soudainement se voir arrêter par un drôle de panneau géant. Un énorme « STOP » plutôt intimidant. On lui préfère largement sa version verte et plus encourageante « GO ».

Le champion du monde Pierre-Ambroise Bosse, nouvelle coqueluche française, est en couple. Et il donne rendez-vous à son public. La Gare du Nord n’a pas besoin de cette fantaisie pour être bondée.

Parole tenue. Ce n’est pas toujours que l’on boit aux frais d’un champion du monde. À la santé de Pierre-Ambroise Bosse !

  • En piste

13 h 20 : 20 km marche féminin

15 h 20 : 20 km marche masculin

20 h : finale du saut en hauteur masculin

20 h 10 : finale du lancer du disque féminin

20 h 35 : finale du 5000 m féminin

21 h 10 : finale du 800 m féminin

21 h 30 : finale du 1500 m masculin

21 h 55 : finale du 4 x 400 m féminin

22 h 15 : finale du 4 x 400 m masculin