Une rupture dans l’approvisionnement d’oxygène pourrait être la cause des nombreux décès. / Rajesh Kumar Singh / AP

« Ce n’est pas une tragédie. C’est un massacre ». C’est par ces mots que le prix Nobel de la paix indien, Kailash Satyarthi, a dénoncé la mort d’au moins 64 enfants dans l’hôpital public Baba Raghav Das, dans l’Etat de l’Uttar Pradesh, gouverné par le parti du premier ministre, Narendra Modi. Les décès sont survenus pendant six jours, alors que les médias indiens ont indiqué que 30 enfants étaient morts jeudi 10 et vendredi 11 août en raison d’un manque d’oxygène dans les secteurs de l’hôpital réservés aux enfants.

Le bilan est encore provisoire et pourrait s’aggraver, alors que le commissaire de police du disctrict de Gorakhpur (dans lequel est situé l’hôpital), Anil Kumar, a déclaré dimanche 13 août que 11 autres enfants étaient morts samedi.

Une enquête ouverte

Selon des médias indiens, la société fournissant les bonbonnes aurait mis fin à ses services en raison du non-paiement de factures s’élevant à plusieurs millions de roupies, certaines datant du mois de novembre 2016. Mais les versions divergent. Si les responsables locaux ont concédé qu’il y avait eu une interruption de l’approvisionnement en oxygène à l’hôpital, ils maintiennent que les décès ont été causés par des maladies telles que l’encéphalite, et non par l’absence d’oxygène.

Des médecins ont également reconnu que l’approvisionnement en oxygène avait été interrompu quelques heures jeudi soir, mais ils ont déclaré qu’aucun décès n’avait eu lieu à ce moment. Cette interruption coïncide cependant avec une brutale augmentation du nombre de victimes, puisque 23 nourrissons sont morts jeudi. Une enquête a été ouverte sur les dysfonctionnements de cet hôpital.

Appels à la démission

Depuis, le scandale a pris une dimension politique. Yogi Adityanath, ministre en chef de l’Etat de l’Uttar Pradesh et proche allié du premier ministre, s’est rendu sur place dimanche, alors que les proches des victimes, en colère, réclamaient des réponses. Les partis d’opposition et les critiques du gouvernement ont demandé sa démission. Ce prêtre hindou avait remporté les élections en mars dans l’Uttar Pradesh, Etat le plus peuplé de l’Inde.

« Cet incident a eu lieu en raison du laxisme du gouvernement de l’Etat, qui en est pleinement responsable », a déclaré samedi Ghulam Nabi Azad, un dirigeant du principal parti d’opposition au Congrès en Inde. « Le ministre en chef, le ministre de la santé et le secrétaire à la santé doivent immédiatement démissionner, les médecins ne devraient pas être accusés de cela », a-t-il ajouté

Les hôpitaux publics indiens sont souvent débordés et au bord du point de rupture. Les patients doivent faire face à de longues listes d’attente, même pour des interventions simples, et sont contraints à partager des lits.

Par conséquent, ceux qui peuvent éviter les hôpitaux publics se tournent vers les cliniques privées, où une consultation coûte en moyenne 1 000 roupies, soit plus de 13 euros. Une somme énorme pour les millions d’Indiens qui vivent avec moins de 2 euros par jour.