Manifestation contre le régime de Nicolas Maduro, en marge du sommet du Mercosur, à Sao Paulo, Brésil, le 5 août 2017. / PAULO WHITAKER / REUTERS

Les principaux pays d’Amérique du Sud ont rejeté avec fermeté la possibilité d’une intervention militaire au Venezuela, évoquée par le président américain, Donald Trump, vendredi 11 août. Dimanche, le président colombien, Juan Manuel Santos, pourtant farouche critique du régime de Nicolas Maduro, a demandé au vice-président américain, Mike Pence, en tournée dans plusieurs pays d’Amérique latine, d’abandonner l’option militaire.

« Nous avons de nombreuses options pour le Venezuela, y compris une possible option militaire si nécessaire », avertissait le chef de l’Etat américain depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, alors que les tensions entre les deux Etats s’exacerbent à la suite de l’installation d’une Assemblée constituante dans le pays, après des mois de manifestations sanglantes où 125 personnes ont trouvé la mort. Le gouvernement de Nicolas Maduro a aussitôt réagi, accusant à leur tour les Etats-Unis de vouloir déstabiliser la région dans un « acte de folie ».

Dialogue et diplomatie

Le gouvernement de la Colombie fut le premier des pays voisins du Venezuela à exprimer sa réprobation. Le ministère des affaires étrangères a fait valoir dans un communiqué que la Colombie « rejette les mesures militaires » dans le cadre d’une intervention internationale au Venezuela, dont le « respect pour la souveraineté » doit guider les négociations afin de trouver une solution pacifique à la crise.

Le Mexique et le Pérou se sont prononcés peu après. Le ministre des affaires étrangères mexicain, Luis Videgaray, très critique du régime vénézuélien ces derniers mois, a soutenu que « la crise au Venezuela ne se résoudra pas à travers l’action militaire », ajoutant que le Mexique refuse « l’usage ou les menaces » de violence. Son homologue péruvien a rappelé, pour sa part, que la déclaration de Lima, signée par onze pays sud-américains et par le Canada le 8 août, est le cadre légitime pour « défendre le dernier organe démocratique en place au Venezuela, l’Assemblée nationale librement élue », rejetant par ailleurs toute intervention armée non autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Après avoir suspendu le Venezuela le 5 août, constatant une « rupture de l’ordre démocratique » dans le pays dirigé par Nicolas Maduro, le Mercosur – bloc régional économique fondé par l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Paraguay – a fait savoir que les « seuls instruments valides » pour y rétablir la démocratie sont « le dialogue et la diplomatie », refusant d’emblée le recours à la force évoqué par Washington.

« Les Etats-Unis ne vont pas rester inertes »

Alors que M. Pence se trouvait dimanche en Colombie, en raison d’une tournée dans la région qui le conduira ensuite en Argentine, au Chili et au Panama, le président colombien a assuré lors d’une conférence de presse conjointe, à Carthagène, que « ni la Colombie ni l’Amérique latine – depuis le sud du Rio Grande jusqu’à la Patagonie – ne sauraient être d’accord » avec une intervention militaire.

Le président colombien Juan Manuel Santos (à gauche) avec le vice-président des Etats-Unis, Mike Pence, lors d’une conférence de presse conjointe à la maison présidentielle à Carthagène, en Colombie, le 13 août 2017. / STR / AFP

Le président Trump « a confiance dans le fait qu’en travaillant avec nos alliés en Amérique latine nous pourrons parvenir à une solution pacifique de la crise que vit le peuple vénézuélien », a répondu avec diplomatie le vice-président américain, sans pour autant revenir en arrière sur les propos controversés du chef de l’Etat, ajoutant que « les Etats-Unis ne vont pas rester inertes ».

De ce fait, M. Pence – dont la tournée en Amérique latine vise à « unir les efforts » internationaux afin de « rétablir la démocratie au Venezuela » – a soutenu que les sanctions économiques imposées par Washington au régime de M. Maduro se poursuivront. Bien que ce dernier ne semble pas vraiment prêt à céder pour l’instant aux pressions internationales.