ACTION Vegan Strike Group ANTI CORRIDA DANS LES ARENES DE BAYONNE

Il s’est jeté dans l’arène pour protester contre la tauromachie. Mardi 15 août, à 18 h 30, un militant de l’association Vegan Strike Group a sauté des gradins dans le ruedo (« la piste ») lors d’une corrida à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), afin d’interrompre la mise à mort du taureau et de dénoncer « la barbarie que représente cette pratique ».

Le torse peint de slogans, l’activiste a crié « Macron, nos traditions ne sont pas sanguinaires ! » et « Ne confondons pas barbarie et tradition ! », sous les huées du public, avant d’être stoppé par des employés des arènes. Il a été entendu au commissariat de la ville, puis relâché. Cette action a eu lieu quelques heures après une manifestation anticorrida qui a rassemblé une centaine de personnes à Bayonne.

Peter Janssen, un Hollandais de 34 ans, n’en est pas à son coup d’essai. C’est la trentième fois qu’il saute dans une arène ou un bassin de delphinarium tant en France quà l’étranger, un geste coup de poing « contre toutes les formes d’exploitation animale à des fins de divertissement ». Samedi, avec deux autres militants de l’ONG qu’il préside, il s’était introduit dans les arènes de Dax au deuxième jour de la feria. Les trois membres, qui promeuvent les droits animaux et le véganisme, ont accompli la même action en juillet en Espagne, d’abord dans les arènes de Pampelune (Navarre), puis dans celles de Teruel (Aragon). Ils ont été jugés coupables de troubles à l’ordre public et doivent verser une amende de 1 440 euros.

« Il y a une inversion des responsabilités : on parle de “crime” contre les traditions à notre encontre, alors que nous dénonçons la torture d’un animal jusqu’à sa mort sous l’acclamation d’une foule. Par ailleurs, nos actions sont pacifiques, contrairement aux aficionados qui sont violents à notre égard », assure Joël Cessio, 31 ans, l’un des membres du Vegan Strike Group. Samedi, le jeune homme, poitrine nue barrée de « Plus de torture », a été plaqué au sol dans les arènes de Dax, avant d’être violemment frappé, comme le montre cette vidéo.

Débat de société

Acte de torture et boucherie archaïque pour les uns, pratique culturelle et sportive pour les autres, la tauromachie divise de longue date. Les courses de taureaux sont autorisées depuis une loi de 1951 dans certaines régions de France, essentiellement dans le Midi, lorsqu’une « tradition locale ininterrompue peut être invoquée ». Entre 2011 et 2015, la tauromachie a même été inscrite à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français par le ministère de la culture. Avant que la décision ne soit annulée par la cour administrative de Paris, en juin 2015. Et que la pratique taurine ne soit définitivement radiée de la liste de l’Unesco en juillet 2016 en vertu d’un arrêt du Conseil d’Etat.

L’interdiction de cette pratique fait partie des principales demandes du collectif AnimalPolitique, qui rassemble vingt-six organisations non gouvernementales de protection animale. L’Alliance anticorrida a publié au mois d’avril un sondage de l’IFOP indiquant que 75 % des habitants des dix départements concernés par la corrida (Aude, Bouches-du-Rhône, Gard, Gers, Gironde, Hérault, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées et Pyrénées-Orientales) y étaient opposés.

« Une réalité culturelle n’est jamais assujettie aux résultats d’un sondage, sinon, les mesures d’audience Médiamétrie seraient fatales à la musique contemporaine et condamneraient les dépenses “inutiles” liées à l’existence de France Culture », avaient alors rétorqué dans un communiqué les deux principales organisations procorrida, l’Union des villes taurines françaises et l’Observatoire national des cultures taurines. Et de dénoncer « avec fermeté les attaques discriminatoires portées à l’encontre de la communauté des aficionados, qui a le droit au respect ».

Le sujet a une nouvelle fois été relancé en juin, par la mort d’un torero espagnol lors d’une corrida dans les Landes. Interrogé par Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV, Nicolas Hulot a estimé qu’il fallait rouvrir le débat sur l’interdiction de la corrida en France. Le ministre de la transition écologique et solidaire a réaffirmé sa position contre la pratique et a fait savoir qu’il ne comptait pas « tamiser [son] point de vue » en raison de sa participation au gouvernement. « Chacun connaît ma position et est-ce que ma position doit primer sur un débat de société ? C’est un débat culturel, c’est un débat régional, c’est un débat identitaire. »