L’ONG espagnole Proactiva Open Arms a annoncé, mardi 15 août, que l’équipage de son bateau Golfo Azzurro avait eu une confrontation avec des gardes-côtes libyens dans les eaux internationales.

Dans l’après-midi, Oscar Camps, le responsable des opérations de l’organisation non gouvernementale a écrit sur Twitter : « Ils menacent d’ouvrir le feu si nous ne mettons pas le cap vers leurs eaux territoriales, c’est une séquestration en bonne et due forme. »

Selon les sites de suivi du trafic maritime, le Golfo Azzurro se trouvait alors à quelque 24 milles nautiques des côtes libyennes, loin de la limite de 12 milles des eaux territoriales mais dans la zone des 100 milles où la Libye revendique depuis la semaine dernière de diriger les éventuelles opérations de secours en mer.

En fin de journée, M. Camps a finalement envoyé un message expliquant que les Libyens avaient renoncé après « une heure quarante-quatre de séquestration et de tension ». Le navire de 37 mètres était arrivé mardi matin dans la zone, après un ravitaillement à Malte avant de mettre le cap au nord.

Joint par Le Monde, la porte-parole de Proactiva Open Arms, Laura Lanuza, a dénoncé « un kidnapping dans les eaux internationales ». « Le Golfo Azzuro n’est pas entré dans les eaux territoriales libyennes », a-t-elle assuré. Et d’ajouter :

« Notre bateau est désormais en route vers le nord pour calmer la situation et réfléchir, mais on va continuer notre action. Nous n’avons toujours pas été notifiés de la nouvelle zone de sauvetage libyenne, et en attendant nous travaillons en coordination avec le MRCC [centre de coordination du sauvetage en mer] à Rome et en suivant ses recommandations. »
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Accès interdit aux navires étrangers

Proactiva Open Arms avait déjà dénoncé la semaine dernière les menaces de gardes-côtes libyens qui auraient, selon l’ONG, tiré des coups de feu en l’air en sommant son autre navire, l’Open Arms, de quitter la zone.

Ces derniers temps, les tensions entre la Libye et les ONG s’intensifient. La marine libyenne a ainsi annoncé, jeudi, la création d’une nouvelle zone de recherche et de sauvetage (SAR) sous sa responsabilité directe. Son accès est interdit aux navires étrangers afin d’en éloigner les ONG, que Tripoli accuse de collusion avec les réseaux de passeurs.

Mais cette décision doit toutefois recevoir l’accord de l’Organisation maritime internationale, a précisé, mardi, le ministre de l’intérieur italien, Marco Minniti, en estimant que les gardes-côtes n’avaient pas les moyens de contrôler une telle zone.

Dans l’attente de précisions, trois autres ONG ont annoncé ces derniers jours une suspension de leurs opérations.