Le chef de l’opposition kényane, Raila Odinga, lors de sa conférence de presse du 16 août à Nairobi. Il annonce qu’il va contester les résultats de l’élection présidentielle devant la Cour suprême. / THOMAS MUKOYA / REUTERS

Le chef de file de l’opposition kényane, Raila Odinga, a annoncé mercredi 16 août son intention de contester le résultat de l’élection présidentielle devant la Cour suprême, évitant le risque de manifestations de rue pouvant dégénérer en violences. « Nous avons décidé d’en appeler à la Cour suprême. Ce n’est que le début, nous n’allons pas accepter [le résultat] et aller de l’avant », a-t-il dit à la presse à Nairobi.

L’opposant a crié à la « fraude massive » après l’annonce de la victoire du président sortant, Uhuru Kenyatta, lors du scrutin du 8 août. Il n’a pas fourni d’éléments à l’appui de ses allégations mais a promis de le faire devant la Cour suprême. Raila Odinga avait appelé lundi ses partisans à la grève générale, mais cet appel n’a guère été suivi.

De nombreuses voix s’étaient élevées pour lui demander de contester le résultat du scrutin devant les tribunaux, et non dans la rue, afin d’éviter une répétition des violences interethniques de 2007 consécutives à un autre vote présidentiel et qui avaient fait quelque 1 200 morts et 600 000 déplacés. Au moins 24 personnes – une centaine selon les opposants – sont mortes la semaine dernière dans les violences postélectorales.

Le gouvernement prône l’apaisement

Face à une possible détérioration de la situation, le gouvernement kényan a paru prôner l’apaisement, mercredi, en ordonnant la suspension de mesures administratives visant deux organisations de défense des droits de l’homme ayant émis des réserves sur la préparation et le déroulement du scrutin. La police et les autorités fiscales avaient effectué mardi une perquisition au siège de l’une d’entre elles, l’AfriCOG (Africa Centre for Open Governance).

Les menaces de fermeture pesant sur l’AfriCOG et sur une autre ONG, la Commission kényane des droits de l’homme, ont suscité l’inquiétude des Nations unies, de l’Union européenne ainsi que des organisations de défense des droits de l’homme Amnesty International et Human Rights Watch.

Dans une lettre adressée au chef de l’organisme responsable de la coordination des ONG, Fazul Mohamed, et que Reuters a pu lire, le ministre de l’intérieur par intérim, Fred Matiang’i, demande la suspension de toute action contre les deux organisations pour une période de trois mois afin de permettre la tenue de consultations avec le gouvernement.

Mort d’un bébé de 6 mois

Par ailleurs, une enquête indépendante va être menée dans la ville de Kisumu (ouest) afin d’établir les circonstances et les éventuelles responsabilités de la mort d’un bébé de 6 mois.

Les parents de la petite Samantha Pendo disent qu’elle dormait dans les bras de sa mère quand les forces de l’ordre ont fait irruption chez eux à la recherche de manifestants, avant de tirer des grenades lacrymogènes et de les frapper à coups de matraque. Il leur a fallu quatre heures pour obtenir une aide médicale, un délai qui a sans doute été fatal au bébé.