Nathan Law (à gauche), Joshua Wong (au centre) et Alex Chow (à droite), avant que la cour ne prononce les condamnations jeudi 17 août. / ANTHONY WALLACE / AFP

Trois jeunes leaders du vaste mouvement prodémocratie de l’automne 2014 à Hongkong ont été condamnés jeudi 17 août à des peines de prison pour leur rôle dans la révolte.

Joshua Wong, Nathan Law et Alex Chow ont été condamnés en appel respectivement à six, huit et sept mois d’emprisonnement. Le tribunal avait été saisi par le parquet qui trouvait trop clémentes les peines prononcées en première instance. En août 2016, MM. Wong et Law avaient été condamnés à des travaux d’intérêt général (TIG) et M. Chow à trois semaines de prison avec sursis.

Ils ont été condamnés pour leur rôle dans un rassemblement jugé illégal, le 26 septembre 2014. Les manifestants avaient escaladé des barrières métalliques et étaient entrés dans Civic Square, une place située dans un complexe gouvernemental. Cette action avait déclenché des manifestations plus importantes. Deux jours plus tard débutait le « mouvement des parapluies » (déployés pour se protéger des gaz lacrymogènes).

Les manifestants s’étaient opposés au gouvernement chinois, qui souhaitait limiter la portée du suffrage universel lors de l’élection du chef de l’exécutif de Hongkong en 2017. Pendant plus de deux mois, des centaines de milliers de Hongkongais avaient paralysé des quartiers entiers de la mégapole pour réclamer l’instauration d’un véritable suffrage universel. Mais Pékin n’avait pas reculé d’un pouce.

Critique de la « mainmise de Pékin »

« Le peuple uni ne sera jamais défait », a lancé Joshua Wong à ses partisans. A 17 ans, il était devenu le visage du mouvement. « Tous, continuez, n’abandonnez pas ! ».

Une vingtaine de manifestants pro-Pékin avaient organisé un contre-rassemblement, criant par haut-parleur interposé : « payez le prix en prison ! ».

Le ministère de la justice s’était par avance défendu de toute motivation politique dans cette affaire. « Il n’y a absolument aucun fondement à laisser entendre [que le ministère] soit motivé par des considérations politiques ».

Pour les soutiens des trois militants, ces poursuites sont une preuve supplémentaire que Pékin renforce sa mainmise sur l’ancienne colonie britannique revenue dans son giron en 1997.

D’après les termes de l’accord sino-britannique sur la rétrocession, Hongkong jouit de libertés inconnues ailleurs en Chine continentale, en vertu du principe « un pays, deux systèmes » qui court, en théorie, jusqu’en 2047. Beaucoup ont cependant le sentiment que ces libertés s’érodent et craignent que Pékin ne soit en train de renier cet accord.