La préparation du Brexit qui s’enlise, sa majorité qui ne tient qu’à un fil, les manigances de ses propres ministres… Theresa May semble avoir de quoi s’occuper, mais elle a trouvé un sujet nettement plus brûlant auquel se consacrer : le dernier « bong » de Big Ben. Lundi 21 août à midi, la célèbre horloge du Parlement britannique va sonner une dernière fois, avant de rester silencieuse pour quatre ans. D’urgents travaux dans la tour Elizabeth sont nécessaires – seule la cloche s’appelle Big Ben, pas la tour – et le retentissant carillon va être arrêté.

Cela n’est pas du tout du goût de la première ministre, qui s’est empressée de s’emparer de ce symbole national. « Il n’est pas possible [« it cannot be right »] que Big Ben soit silencieuse pendant quatre ans », a-t-elle assuré. Plusieurs députés se sont également émus de ne plus entendre la sonnerie, ce fameux mi sonore, utilisé en direct par la BBC en ouverture de plusieurs de ses journaux et qui rythme les grands événements de la nation.

La première ministre n’a pourtant guère de pouvoir sur le sujet. La décision revient au Parlement, qui a décidé de défier Mme May en confirmant que Big Ben se tairait bien ce lundi. D’abord parce que la décision a été prise en 2015, après être passée à l’époque par tous les échelons administratifs et politiques possibles. Ensuite parce qu’on va démonter entièrement l’horloge elle-même, qui date de 1859, pour nettoyer et réparer chacune des pièces du mécanisme victorien. Même si la cloche de 13,5 tonnes reste en place, le carillon allait donc de toute façon être interrompu pendant deux ans, comme entre 1983 et 1985, lors de la dernière grande rénovation. « C’est un programme essentiel pour préserver la cloche sur le long terme », fait valoir Steve Jaggs, le « gardien de la Grande Cloche ».

En attendant, un mécanisme électronique

A cette échéance, la sonnerie aurait pu reprendre pendant que le travail de rénovation de la tour se poursuivait, mais cette hypothèse a été exclue pour éviter que les 120 décibels de Big Ben, qui retentissent quatre fois par heure, détruisent l’ouïe des ouvriers.

Comme décidément rien n’est simple avec les symboles nationaux, les pendules du monument resteront à l’heure : pendant les travaux, un mécanisme électronique fera tourner les aiguilles. Les millions de touristes qui prennent en photo la tour chaque année pourront continuer à se fier à sa ponctualité légendaire.

Cette tempête dans une tasse de thé laisse présager les futures joies du débat sur la rénovation du Parlement. Les circuits électriques défaillants et les sculptures qui s’effondrent rendent les travaux pressants. Le plus simple serait de vider le bâtiment et d’installer députés et lords ailleurs pendant quelques années. Mais l’idée a bien sûr déjà provoqué une levée de boucliers.