Un mémorial aux victimes de l’attaque au couteau, à Turku, le 19 août. / VESA MOILANEN/AP

Le Marocain de 18 ans auteur de l’attaque au couteau vendredi 18 août à Turku, dans le sud-ouest de la Finlande, a commencé à parler aux enquêteurs, a déclaré dimanche après-midi le Bureau national d’investigation. Si les policiers n’ont pas livré de détails sur ses motivations et ses connexions, ils ont précisé que le Marocain, l’un des 5 657 demandeurs d’asile arrivés en 2016 en Finlande, devait être inculpé lundi 21 août. Les faits sont jusqu’à présent qualifiés de meurtres et tentatives de meurtre avec intention terroriste.

Au cours de son attaque, il n’a visé que des femmes, en poignardant huit, dont deux, citoyennes finlandaises, sont mortes. Les deux hommes qui ont été blessés l’ont été en tentant de s’interposer. Certains blessés sont encore hospitalisés, y compris l’auteur de l’attaque touché à la cuisse par le tir d’un policier. Tous sont hors de danger. Quatre autres Marocains sont entendus par la police tandis qu’un mandat d’arrêt international a été émis contre un cinquième.

« Nous ne sommes plus une île », a commenté le premier ministre, Juha Sipilä, rappelant qu’il s’agirait de la première attaque terroriste meurtrière en Finlande, un pays classé parmi les plus sûrs au monde. Le président de la République, Sauli Niinistö, a de son côté exprimé son inquiétude face à la dérive du débat sur l’immigration dans les réseaux sociaux. « Le désir de mal comprendre a été plus grand que le désir de comprendre. Il serait bien de changer cela. »

300 personnes surveillées par les renseignements

Le Marocain vivait dans le centre d’accueil de réfugiés de Pansio, dans la banlieue de Turku, avec environ 230 autres personnes. Le quotidien Turun Sanomat rapportait dimanche l’histoire d’un autre demandeur d’asile de 18 ans, Ahmad Hosseini, arrivé d’Afghanistan en 2015, qui a été l’un de ceux qui, vendredi, ont tenté de poursuivre le Marocain et ont apporté les premiers secours aux victimes.

Maria Pakkala, chercheuse à l’université d’Helsinki, s’interrogeait sur la chaîne publique Yle sur la présence de Marocains dans les attentats de Catalogne et de Turku : « Le Maroc a zéro tolérance face à l’islam radical. La moindre sympathie pour un attentat sur les réseaux sociaux peut entraîner la prison. » Selon elle, quelque 1 600 Marocains ont rejoint l’organisation Etat islamique. « Beaucoup de ceux qui ont quitté le pays refusent d’y revenir car ils seraient arrêtés. »

Päivi Nerg, secrétaire permanente du ministère de l’intérieur (le plus haut fonctionnaire du ministère), a déclaré dimanche que la Supo, les services de renseignements finlandais, surveillait actuellement 300 personnes qui ont un lien avec le terrorisme international.