Quatre jours après les attentats en Catalogne, les enquêteurs ont formellement identifié, lundi 21 août, le conducteur de la fourgonnette qui a tué 13 personnes jeudi à Barcelone. Selon la police, le suspect, Younes Abouyaaqoub, est toujours en fuite et recherché en Espagne et en Europe.

Jeudi, une fourgonnette a foncé dans la foule sur les Ramblas à Barcelone, tuant 13 personnes et en blessant une centaine d’autres. Peu après minuit, dans la nuit de jeudi à vendredi, une nouvelle attaque à la voiture-bélier a fait un mort et cinq blessés à Cambrils avant que la police abatte les cinq assaillants.

Alors que l’identification des 14 personnes ayant succombé à leurs blessures se poursuit, les enquêteurs ont mis au jour une cellule terroriste dont la « capacité d’action » a été « neutralisée ».

  • Une cellule terroriste de 12 personnes

Les enquêteurs ont démantelé une cellule de 12 terroristes qu’ils soupçonnent d’avoir envisagé « un ou plusieurs attentats » à la bombe à Barcelone. Tous ont été identifiés.

La police a, en effet, lié les attentats avec l’explosion accidentelle, la veille, d’une maison à Alcanar, à 200 km au sud de Barcelone. Plus d’une centaine de bonbonnes de gaz y ont été retrouvées, ainsi que des traces de TATP, un explosif artisanal particulièrement prisé par les djihadistes. C’est là que « les auteurs préparaient depuis quelque temps les attentats de Barcelone », a confirmé le chef de la police catalane, Josep Lluis Trapero. L’accident d’Alcanar aurait précipité l’action des djihadistes, qui se seraient rabattus sur des moyens plus « rudimentaires », selon M. Trapero.

  • Quatre terroristes interpellés, cinq abattus

Les forces de l’ordre ont interpellé quatre personnes suspectées d’appartenir à la cellule terroriste : un Espagnol de l’enclave de Melilla, blessé lors de l’explosion d’Alcanar, ainsi que trois Marocains de Ripoll, dans le nord de la Catalogne. Parmi eux, un Marocain de 28 ans, dont les papiers auraient servi à louer les deux véhicules utilisés dans les attentats. La police n’a pas dévoilé l’identité des deux autres détenus arrêtés vendredi.

Cinq autres terroristes ont été abattus vendredi à Cambrils par la police catalane. La police a diffusé l’identité de trois d’entre eux. Il s’agit de jeunes Marocains qui vivaient à Ripoll, dans le nord de la Catalogne, dont le jeune frère du Marocain de 28 ans interpellé vendredi.

A ce stade, les enquêteurs n’ont découvert aucun antécédent de radicalisation chez les terroristes présumés, qui n’avaient aucun lien connu avec l’Etat islamique.

  • Le conducteur de la fourgonnette toujours en fuite

Le responsable de l’intérieur catalan, Joaquim Forn, a confirmé lundi matin que le conducteur de la fourgonnette qui a fauché les passants à Barcelone avait été formellement identifié. Le suspect est toujours en fuite et activement recherché par la police. Selon les informations du journal El País, qui a eu accès aux images de vidéosurveillance de Barcelone, le suspect se serait enfui à pied après l’attentat en passant par le marché La Boqueria, situé sur les Ramblas.

La police n’a pas communiqué son identité, mais M. Forn a déclaré que tout portait à croire qu’il s’agissait de Younes Abouyaaqoub, un Marocain de 22 ans, lui aussi de Ripoll, en fuite depuis vendredi. « Nous devons parler avec les polices européennes pour leur transmettre l’identité de cette personne (…), sans doute déjà recherchée dans tous les pays européens », a déclaré Joaquim Forn sur Catalunya Radio.

  • L’imam de Ripoll recherché

L’enquête se concentre également sur un imam de Ripoll, ville où résidaient plusieurs terroristes présumés de la cellule, porté disparu depuis mardi. Plus vieux que les autres membres de la cellule terroriste, l’homme de 45 ans est soupçonné d’être à l’origine de leur radicalisation.

Les forces de l’ordre ont évoqué la possibilité qu’il ait péri dans l’explosion mercredi soir dans la maison à Alcanar, mais l’enquête n’a pas encore confirmé cette hypothèse. L’explosion avait fait un mort, et les enquêteurs ont trouvé dans les décombres « des restes biologiques » qui pourraient appartenir à un deuxième cadavre. Il s’agit « très probablement » de deux terroristes de la cellule à l’origine des attentats, selon la police.

Le domicile de l’imam a une nouvelle fois été perquisitionné samedi à l’aube, selon son colocataire, qui a assisté à l’opération de police. Selon le journal El Mundo, l’homme avait été incarcéré jusqu’en 2012 pour des liens avec un « trafic de drogue » mais aurait noué une « amitié particulière » en prison avec un homme condamné pour avoir participé aux attentats de Madrid en 2004.