Poignées de main à peine esquissées, gestes tendus devant les caméras, ils ont
beau dire qu’ils « travaillent ensemble », le premier ministre espagnol, Mariano
Rajoy et le président catalan, Carlos Puigdemont, ont du mal à cacher l’abîme qui
les sépare. Officiellement cela faisait plus d’un an, depuis avril 2016, que les deux
responsables ne s’étaient pas réunis.

Officiellement, car en fait ils se sont vus « en secret » en janvier, rencontre révélée un mois plus tard par le quotidien La Vanguardia. Mais depuis, l’affrontement entre Madrid et Barcelone n’a cessé de s’aggraver, le gouvernement catalan ayant annoncé son intention de convoquer un référendum unilatéral d’indépendance le 1er octobre.

Dans leur premier point de presse, vendredi 18 août à Barcelone, MM. Rajoy et Puigdemont ont voulu souligner qu’ils étaient bien « unis contre le terrorisme ». La « coopération est totale » entre la police catalane (les « Mossos d’Esquadra »), la police nationale et la garde civile, répète-t- on à Barcelone et à Madrid. Mais les tensions, presque inévitables, sont vite apparues.

Polémiques

En annonçant samedi 19 août que Madrid avait décidé de maintenir son niveau d’alerte actuelle (4 sur une échelle de 5) le ministre de l’intérieur espagnol, Juan Ignacio Zoido, s’était empressé d’affirmer que la cellule djihadiste avait été « démantelée ». Quelques minutes plus tard, la police catalane soulignait que l’enquête était encore ouverte et que c’était à elle « d’annoncer les résultats ». Autre polémique, celle des déclarations du conseiller de l’intérieur catalan, Joaquim Forn, qui a été vivement critiqué pour avoir fait la distinction entre les victimes catalanes et celles de « nationalité espagnole », lors d’une interview sur la chaîne de télévision catalane TV3.

Un grand rassemblement doit avoir lieu samedi 26 août à Barcelone sous le slogan « Non tenim por » (« Nous n’avons pas peur », en catalan). Organisé par le gouvernement catalan et la mairie de Barcelone, il devrait accueillir tous les partis politiques. Tous, sauf la CUP (« Candidatura Unitat Popular »), la petite formation anticapitaliste qui fait partie de la coalition indépendantiste au pouvoir en Catalogne.

L’une de ses députées, Mireia Boya, a en effet annoncé, dans une interview à la radio catalane, que son parti boycotterait l’événement si le roi Felipe VI, « ami du Qatar et des Emirats », y assistait, car aux yeux de la CUP, il « contribue à financer le terrorisme islamique ». Une décision que M. Puigdemont a qualifié de « lamentable ».