C’est une passe d’armes diplomatique de tailles entre Washington et Islamabad. Le Pakistan a qualifié mardi 22 août de « décevantes » les critiques du président états-unien, Donald Trump, qui a accusé ouvertement lundi le Pakistan d’être un « refuge » pour les « terroristes » qui déstabilisent l’Afghanistan.

« Aucun pays au monde n’a davantage souffert que le Pakistan du fléau du terrorisme, souvent à travers des actions organisées au-delà de nos frontières », a déclaré le ministère des affaires étrangères pakistanais dans un communiqué. Le ministère a déploré que les critiques américaines « ignorent les énormes sacrifices de la nation pakistanaise » dans la lutte contre le terrorisme.

Menaces américaines

Quelques heures plus tôt, le secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, avait menacé le Pakistan, lui rappelant qu’il pourrait perdre son statut d’allié privilégié des Etats-Unis s’il ne changeait pas d’attitude vis-à-vis des talibans afghans. « Nous avons quelques moyens de pression », « en termes d’aide, leur statut de partenaire non-membre de l’OTAN, tout cela peut être mis sur la table », a-t-il insisté. Le Pakistan est l’un des seize pays qui bénéficient actuellement de ce statut privilégié, qui prévoit une étroite coopération militaire avec les Etats-Unis.

Rex Tillerson a insisté sur la dimension « régionale » de cette stratégie impliquant le Pakistan mais aussi l’Inde, qui « vise à faire pression sur les talibans pour qu’ils comprennent qu’ils ne gagneront pas sur le champ de bataille ». « Nous ne gagnerons peut-être pas mais vous pas davantage. A un moment donné il faudra négocier », a-t-il lancé lors d’une conférence de presse à Washington, évoquant de nécessaires pourparlers entre le gouvernement afghan et les talibans. « Le Pakistan peut jouer un rôle important pour amener les talibans à la table des négociations », a-t-il estimé.

Le président Donald Trump, en présentant lundi sa stratégie pour la guerre en Afghanistan, a accusé ouvertement le Pakistan de ne pas assez lutter contre le terrorisme, et a réclamé que cela cesse « immédiatement ».