L’US Navy se remet en cause après son quatrième accident dans le Pacifique depuis le début de l’année. La marine de guerre des Etats-Unis a annoncé lundi 22 août une vaste enquête sur l’ensemble de sa flotte après la collision, la veille, entre le destroyer lance-missiles USS John S. McCain et un pétrolier battant pavillon du Liberia dans le détroit de Singapour.

Le secrétaire à la défense, Jim Mattis, a promis une « enquête approfondie sur tous les accidents et incidents en mer », afin d’« examiner tous les facteurs », et pas uniquement les facteurs « immédiats ».

Le chef des opérations de la marine américaine, l’amiral John Michael Richardson, a quant à lui « ordonné une pause opérationnelle de toutes [les] flottes états-uniennes dans le monde entier », alors que dix marins américains portés disparus au large de Singapour sont toujours recherchés.

Les procédures seront « réévaluées de manière exhaustive », a ajouté l’amiral Richardson. « C’est la seconde collision en trois mois et le dernier en date d’une série d’incidents dans le Pacifique. Cette tendance exige une action plus vigoureuse. »

Dans la semaine, les commandants devront prendre le temps, « peut-être un ou deux jours », pour s’asseoir avec les équipages et réévaluer leurs pratiques, a-t-il dit. L’amiral n’a pas exclu que la collision ait pu être provoquée par un facteur extérieur ou une cyberattaque, tout en soulignant qu’il ne voulait pas préjuger des résultats de l’enquête.

Le destroyer doit son nom au père et au grand-père du sénateur américain John McCain, tous deux amiraux dans la marine américaine. Le ténor républicain, président de la commission de la défense du Sénat, a réclamé une « transparence totale » de la part de la marine de guerre des Etats-Unis, et que les responsables « répondent de leurs actes ». « Je suis d’accord avec l’amiral Richardson, une action plus vigoureuse est urgente pour identifier et corriger les causes des récentes collisions. Nos marins qui risquent leur vie chaque jour, au combat ou en entraînement, ne méritent pas moins ».

Questions sur un « surmenage des équipes »

C’est la seconde collision impliquant un navire de guerre américain en deux mois, et la quatrième depuis le début de l’année. Le 17 juin, sept marins périrent dans un accident entre le destroyer USS Fitzgerald et un porte-conteneurs battant pavillon philippin, au large du Japon.

Le bilan ne fait pour l’instant pas état de morts, mais l’accident de lundi a fait cinq blessés légers en sus des dix marins américains disparus. Une importante opération de secours mobilisant des vaisseaux et des avions de Singapour, de Malaisie, d’Indonésie et des Etats-Unis a été lancée. L’amiral Scott Swift, commandant de la flotte du Pacifique ouest, s’est rendu à l’hôpital où ont été admis les blessés. Le président Donald Trump a, lui, adressé ses « pensées et prières » aux marins.

La coque du destroyer présentait une large brèche, par laquelle l’eau s’est engouffrée, inondant des couchages, la salle des machines et la salle de radio. L’Alnic, le pétrolier libérien, n’a lui subi que quelques dégâts.

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D’après Ridzwan Rahmat, expert à Jane’s IHS Markit, cette série noire soulève des questions sur une éventuelle surexploitation des ressources de la marine de guerre des Etats-Unis en Asie, sur « un surmenage des équipages, une trop grande accélération des opérations ». Le navire de guerre américain venait de mener « une opération » de promotion de la « liberté de navigation » en mer de Chine méridionale, à la grande fureur de Pékin, qui revendique la quasi-totalité de cette région stratégique.