Après l’exonération de la taxe d’habitation, c’est une deuxième promesse emblématique du candidat Macron qui, à l’épreuve des contraintes budgétaires, va devoir, au lieu d’être intégralement mise en œuvre dès le 1er janvier 2018, être étalée dans le temps. Dans un communiqué diffusé mercredi 23 août, confirmant les informations des Echos, le gouvernement, s’il assure qu’il engagera en 2018 le transfert des cotisations salariales chômage (2,4 %) et maladie (0,75 %) vers la cotisation sociale généralisée (CSG), indique également que celui-ci se fera « en deux temps ».

« Dès le 1er janvier, un gain de pouvoir d’achat bénéficiera aux salariés et aux indépendants : 21 millions de Français verront alors leur revenu net amélioré, précise Bercy. Leur gain sera amplifié par une seconde baisse des cotisations à l’automne 2018. » Le ministère ajoute que des discussions auront lieu dès cet automne pour « définir les modalités de compensation de la hausse de la CSG pour les fonctionnaires ».

Ambitions à la baisse

Ces explications, cependant, ne peuvent dissimuler une réalité brute : les gains de pouvoir d’achat espérés dès le début de l’année 2018 pour des millions de salariés attendront. La hausse de 1,7 point de la CSG – dont le taux passera de 7,5 % à 9,2 % –, cotisation qui porte non seulement sur les revenus du travail mais aussi sur les retraités et les revenus du capital, devait servir à financer la suppression intégrale des 3,15 points de cotisations sociales acquittées par les seuls salariés du privé.

Pour l’Etat, en termes de rentrées, l’opération devait être neutre mais, pour le salarié, cela devait se voir directement et concrètement au bas de la fiche de paie puisque c’était 1,45 % de cotisations en moins. C’est même une des raisons qui a incité le gouvernement à reporter la mise en œuvre du prélèvement à la source, afin que ce gain net sur le salaire ne soit pas masqué.

Bercy, jamais à court de ressources à l’heure de la préparation d’une loi de finances qui doit afficher une réduction du déficit public de 3 % à 2,7 % en 2018, ne peut que se réjouir de cet arbitrage. Pendant quelques mois, jusqu’à l’automne, les caisses de l’Etat enregistreront à la fois les recettes de la CSG augmentée de 1,7 point et celles de cotisations sociales pas encore totalement supprimées.

Mais les salariés, eux, devront bien y regarder à deux fois pour voir l’augmentation sur leur fiche de paie. Même si, assure Bercy, ils feront « en sorte que, dès le 1er janvier, la baisse des cotisations suffise à compenser la hausse de la CSG, afin qu’il n’y ait pas de perte de pouvoir d’achat ». Si gain il y a, cependant, il sera difficilement perceptible, alors que la mesure dans sa forme initiale devait représenter un gain annuel de 260 euros pour un salarié au smic.

Le gouvernement revoit donc ses ambitions à la baisse, une nouvelle fois, après avoir déjà dû décider d’un étalement de l’exonération de la taxe d’habitation censée compenser la hausse de la CSG qui va pénaliser, notamment, les retraités. Ce qui ne peut que concentrer les critiques des oppositions, de gauche comme de droite, déjà remontées contre la mise à contribution des retraités.

Foyers d’insatisfaction

Surtout, jour après jour, le déséquilibre semble se creuser entre les engagements du candidat Macron en faveur des classes modestes et moyennes et leur mise en œuvre effective. Le programme présidentiel chiffrait les gains de pouvoir d’achat à 10 milliards d’euros pour l’exonération de la taxe d’habitation et à 7 milliards pour la bascule des cotisations sociales vers la CSG. Le gouvernement a beau assurer qu’ils seront tenus, l’effet sera nettement moindre qu’attendu puisque étalé dans le temps.

Dans le même temps, la réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et la mise en place d’un prélèvement unique de 30 % sur les revenus de l’épargne favoriseront nettement les hauts revenus. Cela ajouté à la baisse de 5 euros des aides au logement, à la diminution des emplois aidés, qui soulève déjà de vives protestations, et à une réforme du droit du travail qui suscite de fortes inquiétudes, l’exécutif va devoir faire face, en cette rentrée, à de multiples foyers d’insatisfaction.