Un rassemblement s’est tenu mercredi 23 août à Casablanca pour dénoncer l’agression sexuelle d’une jeune femme dans un bus. / STRINGER / AFP

La scène a choqué le Maroc et au-delà. Le pays s’est mobilisé mercredi 23 août après la diffusion d’une vidéo montrant un groupe de jeunes agresser sexuellement dans un bus une jeune femme, atteinte d’un handicap mental, selon les autorités qui ont fait état de l’arrestation des agresseurs lundi. Deux jours plus tard, des rassemblements ont été organisés à Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger ou encore Agadir pour dénoncer cette agression, loin d’être inédite au Maroc, où près de deux femmes sur trois sont victimes de violences, selon des chiffres officiels.

A Casablanca, métropole économique du royaume où l’agression a eu lieu, un sit-in a été organisé par des activistes féministes appelant à défendre la condition des femmes. « Les lois pour les hommes, le viol pour les femmes », « Stop au viol », « L’habit ne fait pas le viol », pouvait-on lire sur les pancartes brandies par des hommes et des femmes venus participer à la mobilisation, selon notre correspondante sur place.

Débat sur le harcèlement de rue

Diffusées dimanche sur les réseaux sociaux, les images de l’agression ont d’abord suscité une salve de réactions indignées sur les réseaux sociaux et dans les médias au Maroc.

On y voit un groupe d’adolescents, torse nu, en train de bousculer violemment une jeune femme en pleurs dans un bus, touchant des parties intimes de son corps, tout en s’esclaffant. La victime, à demi dénudée, pousse des cris de détresse, alors que le bus continue de rouler, sans qu’aucun passager intervienne.

La société chargée du transport en commun M’dina Bus, a fait savoir que « l’agression s’[était] déroulée ce vendredi 18 août » et que les agresseurs avaient été « appréhendés ce lundi 21 août ». La police a confirmé dans un communiqué l’arrestation des six auteurs, âgés entre 15 et 17 ans, qui ont été placés sous surveillance policière.

« Horreur à Casablanca », « des monstres commettent un crime odieux », écrit la presse locale, qui tire la sonnette d’alarme sur le phénomène du harcèlement des femmes dans l’espace public. L’association Touche pas à mon enfant a lancé lundi un appel à témoins afin « de traduire en justice cette horde barbare qui s’est attaquée lâchement à une jeune fille ». D’autres, en revanche, s’en sont pris à la victime, prenant la défense des agresseurs.

Au Maroc, marcher seule dans la rue relève parfois du parcours du combattant. Ou plutôt de la combattante : elles y subissent fréquemment remarques désobligeantes et insultes. Selon les chiffres officiels, les lieux publics sont les endroits où la violence physique à l’égard des femmes marocaines est la plus manifeste.