L’avis du « Monde » – pourquoi pas

L’Hôtel Europe de Sarajevo est en ébullition à tous les étages : on met en place les derniers préparatifs pour le dîner de gala de l’Union européenne qui commémore le centième anniversaire de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, en 1914. Pendant ce temps, les employés de l’hôtel, qui n’ont pas été payés depuis deux mois, s’organisent pour entamer une grève qui viendra perturber les festivités. Sur le toit, une journaliste fait défiler les intervenants venus commenter et analyser l’événement tandis qu’un grand intellectuel français révise dans sa chambre le discours qu’il compte prononcer pendant la cérémonie. Au sous-sol, où se situe un club de strip-tease tenu par un mafieux, le chef de l’hôtel tente de trouver un moyen d’intimider le personnel et d’empêcher la grève.

Millefeuille narratif

Filmé en caméra portée et en temps réel, le long-métrage de Danis Tanovic se plonge dans cette effervescence, suit les allées et venues de ses personnages jusqu’à faire de l’hôtel un millefeuille narratif qui compose peu à peu le portrait éclaté et kaléidoscopique de la Bosnie actuelle, entre passé tragique et avenir dans une Europe incertaine.

Si Mort à Sarajevo, récompensé du Prix de la critique internationale à la Berlinale en février, captive par sa manière d’enchevêtrer les intrigues et de créer un sentiment d’urgence, le dispositif mis en place apparaît vite artificiel. En témoigne l’improbable drame final qui finira par faire converger tous les destins et verra l’hôtel se vider de tous ses occupants. Un dernier rebondissement qui, à l’image du film, peine à faire oublier les coutures du scénario pour faire pleinement exister ses personnages.

Bande annonce "Mort à Sarajevo" de Danis Tanovic sortie le 23 août

Film français et bosniaque de Danis Tanovic. Avec Jacques Weber, Snezana Markovic, Izudin Bajrovic, Vedrana Seksan (1 h 25). Sur le Web : vendredivendredi.fr/film-mortasarajevo.html