Après plusieurs semaines de diète médiatique, l’ancien ministre de la justice exprime une mise en garde à l’égard du gouvernement Philippe. François Bayrou estime ainsi que « l’opinion ne voit pas clairement la direction » prise par le gouvernement, dont il s’inquiète de la capacité à « dicter la ligne à l’administration », dans un entretien au Point publié jeudi 24 août.

« L’opinion ne voit pas clairement la direction, le but que l’on se fixe », déplore le maire de Pau, qui a décidé le 21 juin de quitter le gouvernement après l’ouverture d’une enquête préliminaire sur les emplois présumés fictifs au MoDem, transformée le 19 juillet en information judiciaire.

Il lance même un avertissement :

« C’est un fondement démocratique que d’avoir un gouvernement de plein exercice. Il doit mêler des expériences différentes, des membres de la société civile comme des poids lourds politiques, mais il est important que ce soient eux qui dictent la ligne à l’administration de Bercy ou aux autres grands corps de l’Etat. 
Aujourd’hui, c’est là qu’il y a une difficulté : les hauts fonctionnaires semblent avoir plus de poids que par le passé. »

Reconstruire le « modèle démocratique »

Le président du parti centriste s’inquiète également de la chute de popularité d’Emmanuel Macron, en raison notamment de « l’atmosphère suscitée par la baisse des APL, la hausse de la CSG et, en même temps, certains avantages fiscaux pour les plus favorisés ». Des annonces qui ont « fâché une partie des retraités et des fonctionnaires », assure-t-il.

« Une très grande partie de l’opinion publique fait crédit à Macron de sa nouveauté, de sa bonne volonté. Il y a ainsi un climat de bienveillance qui n’est pas une preuve d’engagement », prévient encore M. Bayrou, qui avait noué, en février, une alliance avec M. Macron en vue de l’élection présidentielle.

Porteur dans un premier temps de la loi de moralisation de la vie politique adoptée le 9 août à l’Assemblée, et contestée par les députés Les Républicains devant le Conseil constitutionnel, François Bayrou estime désormais qu’une « des priorités est la reconstruction du modèle démocratique, avec un Parlement nouveau, avec moins de députés et de sénateurs, et avec l’introduction de la proportionnelle ».

« Il est impératif de définir les lignes d’un nouveau parti, c’est ma grande mobilisation intellectuelle », avance encore le président du MoDem.

François Bayrou : « Nous n’avons jamais eu d’emplois fictifs » au MoDem
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