La vigilance était déjà de mise dans trois départements depuis le début du mois d’août. La suspicion de présence de cyanobactéries s’étend désormais à tout le bassin de la Loire après la mort de treize chiens, et menace les activités sur le fleuve et ses affluents, de la pêche aux activités nautiques, en passant par la chasse.

Vendredi 18 août, la préfecture du Maine-et-Loire a confirmé la présence dans la Loire de cyanobactéries toxiques sur les lieux de baignade de plusieurs chiens morts depuis le début août. « Les analyses (…) ont permis de confirmer la présence de deux genres d’algues de la famille des cyanobactéries dont la toxicité est reconnue : Oscillatoria et Formidium ». Dans ce département, 12 intoxications de chien dont 9 mortelles ont été signalées. La mort suspecte d’un chien a également été signalée cette semaine dans l’Indre-et-Loire, a fait savoir la préfecture du département.

Auparavant, ce sont les morts de trois chiens dans la rivière Cher qui avaient donné l’alerte. Le Cher, l’Indre, le Loir-et-Cher, l’Indre-et-Loire et le Maine-et-Loire sont désormais concernés. Mais si la mort d’animaux est d’une ampleur particulière cette année, le phénomène de prolifération de ces algues a déjà été observé en France depuis quelques années.

« Phénomène assez nouveau »

Les cyanobactéries ou algues bleues, sont présentes dans le monde entier. En France, le bassin Loire-Bretagne est connu pour y être particulièrement sensible, mais il n’est pas le seul touché. Les Landes, par exemple, le sont aussi.

Ces toxines peuvent être mortelles pour les animaux. Chez l’humain, elles peuvent provoquer des symptômes divers : « irritation cutanée, crampes d’estomac, vomissements, nausée, diarrhée, fièvre, angine, céphalées, douleurs musculaires et articulaires, vésicules autour de la bouche et atteinte hépatique », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« C’est un phénomène assez nouveau, très probablement lié aux conditions climatiques actuelles, la sécheresse et le niveau des cours d’eau très bas. Si ce phénomène revient plus régulièrement il faudra qu’on mette en place des outils de surveillance », explique à France Bleu Olivier Coulon, chargé de la surveillance de la qualité des cours d’eau à l’Agence de l’eau Loire Bretagne.

Plages désertes

Dans les départements touchés, les autorités multiplient les recommandations. Ne pas laisser les animaux boire ou se baigner, en particulier dans des eaux stagnantes, tenir les chiens en laisse en bord de rivière... Pour les personnes, il est conseillé de ne pas consommer l’eau ni les poissons qui y sont péchés et d’éviter le contact avec l’eau des rivières.

La baignade, réputée dangereuse, est habituellement interdite dans le Cher, la Loire et la Vienne en dehors des zones surveillées dont la qualité de l’eau est contrôlée. Mais les autorités s’inquiètent du nombre d’estivants qui bravent cette interdiction. Elles ont ainsi décidé de fermer des plages surveillées, comme à Rochefort-sur-Loire, dans le Maine-et-Loire.

A Montrichard, dans le Loir-et-Cher, où la baignade dans le Cher a été interdite du 3 au 9 août, « la plage était déserte. Des touristes sont certainement partis et le bar-restaurant de la plage a vu son activité chuter », déplore le premier adjoint au maire, Pierre Langlais.

La pêche et la chasse concernées

La pêche a déjà été interdite dans la Loire et son affluent, le Louet, dans le Maine-et-Loire. Il existe une « possibilité que les poissons soient contaminés par les cyanobactéries », précise la préfecture.

Les pêcheurs professionnels craignent que cette mesure soit étendue. « Pour l’instant, ce n’est pas dramatique, mais il ne faudrait pas que la situation perdure jusqu’à l’ouverture de la pêche à l’anguille, le 1er octobre », s’inquiète Jérôme Monfray, président de l’Association des pêcheurs professionnels du bassin de la Loire.

La présence présumée de cyanobactéries a même perturbé l’ouverture de la chasse au gibier d’eau, lundi. Sur recommandation du président des Chasseurs de Loire, Laurent Roussel, la plupart des chasseurs ont chassé sans leur chien.

« On préfère ne pas prendre de risques », commente Laurent Roussel. « Nous aimons nos chiens et ça ne pardonne pas : apparemment la mort est foudroyante », insiste-t-il. « C’est dommage, la chasse en été, c’est surtout le plaisir de la balade avec le chien », regrette-t-il.