Vladimir Poutine et le cardinal Pietro Parolin, à Sotchi, le 23 août. / SPUTNIK / REUTERS

A l’issue d’une visite officielle de trois jours en Russie, le secrétaire d’Etat du Vatican, Pietro Parolin, a été reçu mercredi 23 août par Vladimir Poutine dans sa résidence de Sotchi, au bord de la mer Noire, marquant ainsi une nouvelle étape dans le rapprochement entrepris entre le Kremlin et le Saint-Siège. Depuis 1999, aucun émissaire pontifical de ce niveau ne s’était plus rendu en Russie.

« Nous apprécions le dialogue constructif qui s’est installé », a souligné le président russe, qui s’est entretenu à deux reprises avec le pape François, en novembre 2013 puis en juin 2015. « Nous travaillons constamment à la mise en œuvre des accords [alors] conclus », a-t-il ajouté. En février 2016, la rencontre historique entre le pape de Rome et le patriarche Kirill de Russie, à Cuba, avait confirmé le réchauffement de relations longtemps figées. Cette année enfin, l’exposition à Moscou des reliques de Saint-Nicolas, prêtées par le Vatican, a attiré des milliers de Russes. « Au nom de tous les chrétiens de Russie », M. Poutine a remercié l’envoyé du pape. A son tour, le cardinal Parolin s’est félicité de voir émerger une « nouvelle dynamique ».

« Ne pas précipiter les choses »

Le conflit syrien et la situation des chrétiens d’Orient ont beaucoup contribué à réchauffer le climat entre Moscou et Rome. Toutefois l’Ukraine reste un point important de divergence, notamment sur la « délicate question » des quatre millions de gréco-catholiques – les « uniates » –, comme le répète le Vatican. Au-delà de l’accord signé le matin même pour la levée des visas diplomatiques entre Moscou et le Vatican, l’entretien s’est achevé sans grandes avancées. Dans un bref communiqué, le Saint-Siège s’est contenté de souligner « le climat positif, cordial, de respect et d’écoute mutuels ».

Vladimir Poutine n’a transmis aucune invitation en Russie, du moins officiellement, au pape François. Les réticences demeurent fortes en terre orthodoxe à une visite du chef de l’Eglise catholique. « Personnellement, je ne soutiendrai pas cette visite car notre société n’est pas encore prête pour recevoir le pape de Rome, avait prévenu le père Igor Kovalevski, secrétaire général des évêques catholiques de Russie, dans un entretien à l’agence Interfax le 17 août. Il ne faut pas précipiter les choses. »

La réciprocité s’est matérialisée d’une autre façon. Après l’exposition sur la « Rome éternelle » organisée par les musées du Vatican à la galerie Tetriakov de Moscou, avec des chefs-d’œuvre de Raphaël et du Caravage, le Vatican devrait accueillir, en 2018 une exposition consacrée à « l’héritage de l’art russe, des icônes à l’avant-garde ».