Koumba Laroque, à droite, le 24 août lors des Mondiaux de lutte. / Francois Mori / AP

Depuis le titre de champion olympique de Steeve Guénot en 2008 et le titre de champion du monde de Mélonin Noumonvi en 2014, la lutte française se cherchait une nouvelle tête d’affiche. Avec Koumba Larroque, la Fédération française de lutte (FFL) a trouvé la relève, même si la jeune lutteuse de 19 ans a échoué jeudi à conquérir la médaille d’or pour ses premiers Mondiaux. Mais elle a su se ressaisir pour remporter la médaille de bronze.

Eliminée in extremis et d’entrée par la championne olympique, Sara Dosho, après un match nul 3-3 et à cause du dernier point marqué par la Japonaise, Larroque a surmonté sa déception et s’est ensuite montrée solide pour dominer la Russe Bratchikova (4-1) et l’Autrichienne Kuenz. Dans cette catégorie des – 69 kg, il n’y avait que 19 combattantes alignées au début de la journée.

Seule médaillée française ?

L’an passé, la lutteuse de Sainte-Geneviève-des-Bois (91) avait connu une grande désillusion en manquant la qualification olympique, payant son inexpérience à 18 ans face à une lutteuse plus aguerrie. En mai, elle décrochait en revanche le bronze lors de sa première grande compétition en senior lors des championnats d’Europe en Serbie.

Depuis ses débuts à l’âge de neuf ans, dans la foulée de ses deux frères aînés - à qui elle doit la cicatrice qui barre son front comme elle le raconte dans l’Equipe « en me poussant dans l’escalier. Mais ils n’ont pas fait exprès, hein ? ! » –, Koumba Larroque est habituée à presque tout gagner. Double championne d’Europe et du monde cadette en 2015, puis double championne d’Europe et du monde en juniors l’année suivante, elle impressionne les observateurs.

Cette année, pour les deuxièmes Mondiaux de lutte à se dérouler en France, trente ans après ceux de Clermont-Ferrand, la lutteuse suscitait les principaux espoirs de médailles tricolores. Si le titre de championne du monde lui a échappé à Bercy, Koumba Larroque a répondu présente et risque d’être la seule médaillée française de la compétition, même si les spécialistes de la lutte libre clôturent les Mondiaux vendredi et samedi. En ouverture, Mélonin Noumonvi a, quant à lui, échoué lors des repêchages et a peut-être disputé à 34 ans son dernier grand championnat. Tout au long de la semaine, les autres ont connu beaucoup de défaites, à l’exception de Mathilde Rivière, qui n’est pas passée loin d’une médaille de bronze hier.

Les Jeux en ligne de mire

Formée au pôle France de lutte de Ceyrat dans le Puy-de-Dôme, loin de sa famille, la Francilienne possède un caractère bien trempé. C’est elle qui a imposé à son entourage de passer de la catégorie des – 63 kg à celle des – 69 kg. A la rentrée 2016, elle a intégré l’Insep. Un nouvel environnement qui ne l’a pas effrayé malgré un tout petit regret : « A Ceyrat, je m’entraînais tout le temps avec les garçons. Ici, c’est plus compliqué car le niveau est plus élevé. Mais c’est positif pour mes cours, car les aménagements sont bons. Et je me sens un peu chouchoutée car je suis la plus jeune. Tout le monde m’apporte son expérience, des conseils techniques, tactiques. »

Sans négliger le titre et la médaille de bronze mondiales d’Audrey Prieto en 2007 et en 2008, Koumba Larroque signe le renouveau de la lutte féminine en France. Nation pionnière de la lutte féminine dans les années 1970, grâce au club de Tourcoing (Nord), la France a été au sommet, notamment dans les années 1990, grâce à deux grandes championnes, Lise Legrand et Anna Gomis (six titres de championne du monde à elles deux, deux médailles de bronze olympiques…).

Il reste donc beaucoup de chemin à parcourir et un palmarès à garnir copieusement pour celle qui fait partie des 24 membres du Comité des athlètes du comité de candidature de Paris 2024. Avant de lutter pour le titre olympique à domicile dans sept ans, Koumba Larroque espère bien briller dans trois ans à Tokyo pour les JO 2020. Et prendre sa revanche sur la Japonaise Sara Dosho.