Documentaire sur Arte à 23 h 40

La pianiste Clara Haskil. / ARTE

Ils étaient tous deux des pianistes de légende : Clara Haskil et Dinu Lipatti venaient d’une Roumanie qui allait être le pays de naissance d’un autre immense artiste, d’une génération plus récente lui, Radu Lupu.

Clara et Dinu étaient devenus amis après une première rencontre en 1936, dans le salon de la princesse de Polignac, à Paris. Clara a fait ses études au Conservatoire de la capitale (elle s’était aussi présentée dans la classe de violon, instrument dont elle jouait superbement avant qu’une scoliose ne l’oblige à abandonner).

Dinu est mort en 1950, à l’âge de 33 ans, laissant des disques devenus mythiques. Clara, elle, a obtenu la reconnaissance du grand public à un âge bien plus tardif. La guerre (elle était juive) mais aussi et surtout son caractère impossible en furent les freins.

Il y avait dans le jeu d’Haskil une beauté d’autant plus touchante qu’elle ne la cherchait pas : elle l’avait, comme naturellement, émanant de ses doigts. Le pianiste et chef d’orchestre Christian Zacharias résumait : « Elle fait exactement comme il faut faire. »

Enregistrement inédit

Pourtant demeure « le mystère Haskil », formule employée par le titre de cet intéressant documentaire. Alain Lompech, ancien journaliste au Monde, spécialiste de piano et qui apprécie Haskil d’une oreille experte, semble encore incapable d’expliquer ce mystère, mais il lance : « Chapeau la Clara ! »

Quelques témoignages de proches apportent un éclairage sur l’intimité de la pianiste, à Vevey, en Suisse, où elle a résidé et créé le fameux concours de piano qui porte son nom.

On y découvre aussi, grâce à l’un des fils de Charlie Chaplin – qui disait avoir rencontré trois génies dans sa vie : Einstein, Churchill et Haskil –, des vidéos tournées lors de rencontres entre Haskil et l’acteur. Mais aussi et surtout un enregistrement privé, inédit, que Chaplin avait fait de son amie, au piano de son salon.

Ce documentaire, commencé par Pascal Cling et Prune Jaillet, a été interrompu par la mort soudaine, à l’automne 2015, du premier. A la seconde a alors été adjoint Pierre-Olivier François, à qui l’on doit la version finale de ce film qui fait coexister témoignages, archives et récit biographique.

Clara Haskil : le mystère de l’interprète, de Pascal Cling, Prune Jaillet et Pierre-Olivier François (France-Suisse, 2017, 55 min).