C’est l’un des plus violents affrontements entre policiers birmans et membres des groupes armés de musulmans rohingya. Ces derniers, au nombre d’environ 150, ont attaqué, vendredi 25 août, une vingtaine de postes frontières dans l’Arakan (appelé « Rakhine » par le régime birman actuel). Les assauts, d’une ampleur inédite, ont fait au moins 32 morts, dont une dizaine de policiers.

Le chef de l’armée birmane a souligné le fait que « les combats se poursuivaient » vendredi dans cette région limitrophe du Bangladesh, notamment autour des postes de police des villages de Kyar Gaung Taung et Nat Chaung. Des armes ont été dérobées par les attaquants dans plusieurs postes de police, a-t-il précisé.

Cette région, située dans l’ouest de la Birmanie, est marquée par de fortes tensions entre musulmans et bouddhistes. Y vivent des dizaines de milliers de Rohingya, minorité musulmane victime de fortes discriminations en Birmanie, sans accès aux hôpitaux, aux écoles, au marché du travail. La situation est particulièrement difficile pour les 120 000 musulmans vivant dans des camps de déplacés dans l’Arakan, d’où ils ne peuvent sortir qu’au compte-gouttes, sur laissez-passer.

Les Rohingya sont considérés comme des immigrés du Bangladesh voisin et appelés à ce titre « bengalis » – le terme « rohingya » étant tabou en Birmanie. Dans ce pays à majorité bouddhiste, les moines radicaux dénoncent les musulmans comme une menace.

Risque de « se radicaliser »

La dernière série d’attaques meurtrières contre des postes frontières date d’octobre 2016. Ces affrontements avaient été suivis par la fuite au Bangladesh voisin de milliers de Rohingya, qui avaient livré des récits des atrocités commises par l’armée après ces attaques : viols en réunion, tortures, meurtres et massacres.

Le gouvernement birman a relevé vendredi « la coïncidence de ces attaques avec la publication du rapport final de la commission » dirigée par l’ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Kofi Annan, sur la situation dans l’Arakan. La commission avait appelé jeudi la Birmanie à donner plus de droits à la minorité musulmane Rohingya, notamment de mouvement, faute de quoi elle risquait de « se radicaliser ».

La nébuleuse des groupes rohingya impliqués dans les violences n’est pas très claire. Se détache un groupe, l’Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui assure mener l’insurrection depuis les montagnes de la zone de May Yu, dans le nord de l’Arakan.