Les écrevisses ont surtout été signalées dans le Tiergarten, au centre de Berlin, où les plans d’eau sont nombreux. / FABRIZIO BENSCH / REUTERS

Depuis quelques jours, les promeneurs du Tiergarten ont des compagnons de marche pour le moins inattendus. Des écrevisses de Lousiane, rouge vif et longues d’une dizaine de centimètres, prolifèrent dans la capitale allemande. Mais l’espèce, qui fait d’ordinaire le régal des amateurs de crustacés, est classée invasive et nuisible. Au lieu de faire le régal des amateurs de crustacés, leur prolifération inquiète les spécialistes qui alertent sur les dommages qu’elle pourrait causer aux écosystèmes berlinois.

Les précipitations qui se sont abattues dernièrement sur la capitale allemande ont pu abaisser la teneur en hydrogène de l’eau et submerger leurs terriers, ce qui expliquerait leur migration, explique Dirk Ehlert, porte-parole de la direction des affaires environnementales de la ville de Berlin.

« Hier, nous en avons rassemblé () une cinquantaine dans le secteur de Tiergarten », où les étangs, habitat naturel du crustacé, abondent, explique-t-il. Selon lui, les écrevisses de Louisiane ne sont pas cantonnées au Tiergarten mais ont également été aperçues dans le sud-est et dans le nord de Berlin.

Mais la raison de leur présence accrue n’est pas claire. « Elles ont peut-être été relâchées par des éleveurs qui n’étaient plus intéressés par leurs protégées », avance Katrin Koch, de l’association environnementale Nabu, qui soulève aussi la possibilité d’un « nombre trop important de jeunes [écrevisses] dans les élevages privés ».

Les aquariophiles « les apprécient beaucoup, mais, pour la plupart, pas très longtemps ». Lorsqu’elles restent dans un aquarium, elles « mangent toutes les plantes et l’aquarium a vite l’air ravagé », explique Oliver Coleman, expert au Muséum d’histoire naturelle de Berlin.

Ennemis naturels

Crustacé d’eau douce originaire du Mexique et du sud-est des Etats-Unis, l’écrevisse de Louisiane a été introduite en Europe à des fins commerciales. Elle y est désormais considérée comme une espèce invasive et nuisible, car susceptible d’affecter « négativement les écosystèmes aquatiques » dans lesquelles elle s’implante, prévient l’association Nabu.

Non seulement l’écrevisse se reproduit abondamment, mais « elle mange les œufs de poissons et d’amphibiens », contribuant à décimer la faune locale, tout en étant porteuse d’un champignon mortel pour ses cousines européennes, contre lequel elle est elle-même immunisée, détaille l’organisation. « Ces animaux enclins à se déplacer portent l’infection de plan d’eau en plan d’eau », alerte-t-elle, « il faut absolument éviter » qu’elle ne colonise la Spree et la Havel, les deux rivières de Berlin.

Pour tenter d’endiguer la propagation des crustacés dans Berlin, les autorités comptent « avant tout sur [ses] ennemis naturels », comme le renard, le raton laveur ou l’anguille, dont des centaines viennent d’être introduites dans les étangs de Tiergarten, explique M. Ehlert, qui rappelle aux Berlinois amateurs de grillades que « la capture d’animaux sauvages n’est pas autorisée ».