La purge s’intensifie en Turquie. Pas moins de 928 fonctionnaires supplémentaires ont été limogés, vendredi 25 août, en représailles du coup d’Etat manqué de juillet 2016, selon un décret-loi publié au Journal officiel. Parmi eux figurent des militaires, des universitaires et des employés des ministères de la justice, de l’intérieur et des affaires étrangères.

Les autorités ont également dégradé dix généraux de brigade à la retraite. Les plus hautes autorités militaires et gouvernementales turques avaient déjà décidé de remplacer les chefs des armées de terre, de l’air et de mer, le 2 août dernier.

En revanche, 57 fonctionnaires et militaires auparavant limogés ont été réaffectés à leur poste par ce même décret-loi, dont 28 employés du ministère de la justice ou d’institutions liées.

Ces nouveaux limogeages portent à plus de 140 000 le nombre de personnes écartées de la fonction publique par vagues successives depuis l’été dernier, en sus des 50 000 personnes arrêtées.

Mais les fonctionnaires ne sont pas les seuls concernés. Trois associations et trois médias, principalement basés dans le Sud-Est à majorité kurde du pays, ont également été fermés par ce décret-loi. Des dizaines de médias et d’associations ont été fermés et de nombreux journalistes licenciés depuis un an. La Turquie occupe actuellement la 155place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse, établi par Reporters sans frontières (RSF).

Les purges suscitent l’inquiétude des partenaires occidentaux d’Ankara et d’organisations de défense des droits de l’homme, mais les autorités turques affirment que ces mesures d’exception sont nécessaires pour éliminer les risques de sédition et faire face à la double menace « terroriste » du groupe Etat islamique (EI) et du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Services de renseignement rattachés au président

Par ailleurs, un autre décret-loi publié parallèlement entérine le rattachement des services de renseignement turc (MIT) à la présidence, et non plus au premier ministre. Le texte précise que l’autorisation du président de la République sera dorénavant requise pour qu’une enquête sur le patron du MIT soit ouverte ou qu’il soit convoqué comme témoin.

Ce rattachement semble relever des mesures prises en vue de l’application de la réforme constitutionnelle adoptée par référendum en avril. Celle-ci verra notamment disparaître le poste de premier ministre et le transfert de l’ensemble du pouvoir exécutif au président. La plupart des mesures de cette réforme, dont la suppression du poste de premier ministre, doivent entrer en vigueur après les élections de 2019.