L’ouragan Harvey s’approche des côtes du Texas, jeudi 24 août. / NOAA / REUTERS

Des milliers de kilomètres de côtes du Texas et de la Louisiane se préparaient jeudi 24 août à l’arrivée de l’ouragan Harvey, qui continuait de se renforcer au point qu’il devrait toucher terre au moins en catégorie 3 dans la nuit de vendredi à samedi.

Les évacuations ont commencé jeudi dans plusieurs villes du Texas menacées d’inondations dévastatrices. « Pour tous ceux qui n’ont pas encore été évacués, s’il vous plaît dépêchez-vous de le faire », avertit la mairie de Portland, une ville côtière de 17 000 habitants. La mairie souligne que tout départ sera rendu très difficile et plus dangereux par des vents violents dès vendredi matin.

Mêmes évacuations et préparatifs frénétiques à Port Aransas, alors que le maire de Corpus Christi, qui compte environ 300 000 habitants, a encouragé ses résidents à quitter la ville mais n’a pas encore rendu les évacuations obligatoires.

A 19 heures locales jeudi (2 heures vendredi à Paris), l’ouragan était toujours classé en catégorie 1 sur une échelle qui en compte 5 et affichait des vents de 140 km/h. Il se trouvait à plus de 400 kilomètres des côtes et se déplaçait à environ 17 km/h, selon le Centre national des ouragans (NHC), basé à Miami.

« N’oubliez pas de vous préparer », somme Trump

Le NHC s’attend toujours à un renforcement rapide de la perturbation, prévoyant qu’elle devienne un « ouragan majeur » – au moins catégorie 3 avec des vents supérieurs à 178 km/h – et « potentiellement mortel » à son point d’entrée sur le continent américain, au Texas samedi vers 1 heure locale (8 heures à Paris). Une alerte ouragan a été émise sur près de 500 kilomètres de littoral texan.

Le risque d’inondations soudaines est important dans certaines régions, où jusqu’à 76 centimètres de pluies sont attendues. Et la montée des eaux de la mer devrait atteindre entre 1,80 mètre et 3 mètres selon les endroits.

Le président Donald Trump a publié un tweet donnant des liens vers les sites gouvernementaux spécialisés qui font des recommandations pratiques sur les préparatifs ou les précautions à prendre en cas d’évacuation d’urgence. « Alors que l’ouragan #Harvey s’intensifie - n’oubliez pas de vous #préparer », a-t-il mis en garde sur le réseau social.

Le souvenir de Katrina

Les personnels et avions d’entraînement de deux bases de la marine américaine, à Corpus Christi et Kingsville dans le Texas, ont été évacués. Ces deux bases devraient se retrouver sur le passage de Harvey.

Le gouverneur du Texas Greg Abbott a préventivement émis des déclarations de catastrophe pour trente comtés, expliquant que cette initiative en amont allait permettre à cet Etat du sud des Etats-Unis « de déployer rapidement des ressources » pour les services d’urgence.

Des responsables de Houston, la plus grande ville à se situer sur le passage de Harvey, avec plus de 2,3 millions d’habitants, à une trentaine de kilomètres de la côte, ne prévoient pas d’ordonner des évacuations mais s’attendent à des pluies importantes pendant cinq jours.

Dans la Louisiane voisine, les préparatifs allaient également bon train face au volume d’eau qui devrait tomber du ciel sur la Nouvelle-Orléans, ville très exposée aux inondations. Le gouverneur de l’Etat, John Edwards, a annoncé que des centaines de bateaux et un demi-million de sacs de sable avaient été placés au large des côtes de la Louisiane. Le maire de la Nouvelle-Orléans Mitch Landrieu s’attend pour sa part à « quelques inondations localisées », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse. La ville avait été dévastée par l’ouragan Katrina en 2005.

Le pétrole en baisse à New York

Les inquiétudes autour de l’ouragan n’ont pas seulement touché le Sud, puisqu’à New York le pétrole coté a terminé en baisse. Les investisseurs s’inquiètent des conséquences que pourrait avoir l’arrivée de Harvey sur les raffineries de la région texane.

La trajectoire d’Harvey « pourrait affecter directement le cœur du couloir américain des raffineries, qui représente environ un tiers des capacités du pays et traite environ 7 millions de barils par jour », relève Phil Flyn de Price Futures Group.

« Les raffineries pourraient d’une part être endommagées à cause des vents, mais elles pourraient surtout pâtir d’inondations, voire de coupures de courant », explique de son côté James Williams de WTRG Economics. « Une fois arrêtée, une raffinerie peut mettre jusqu’à sept jours pour revenir à une activité normale », poursuit-il. Pendant ce temps, elle ne consomme pas de brut. L’ouragan « va aussi retarder l’arrivée des tankers qui naviguaient dans le Golfe du Mexique », souligne-t-il encore.

De nombreux opérateurs ont aussi par précaution évacué leur personnel installé sur les plateformes pétrolières en mer. Ces dernières peuvent toutefois continuer à extraire du pétrole en étant contrôlées à distance.