Washington accentue la pression contre le président Maduro : la Maison Blanche a imposé vendredi 25 août de nouvelles sanctions au Venezuela visant à restreindre l’accès du régime aux capitaux étrangers dont il a un besoin crucial.

Déterminé à démontrer que son pays ne resterait pas immobile face à « l’effondrement » du Venezuela, le président américain Donald Trump a signé un décret qui prévoit l’interdiction d’acheter de nouvelles obligations émises par le gouvernement du Venezuela ou la compagnie pétrolière nationale PDVSA.

Riche en ressources pétrolières mais pauvre en liquidités, le pays, dont la dette est estimée à plus de 100 milliards de dollars, redoute le spectre d’un défaut de paiement. Nicolas Maduro, très impopulaire selon les sondages, est confronté depuis plus de quatre mois à des manifestations de l’opposition qui réclame sa démission.

« Ces mesures ont été soigneusement calibrées pour priver la dictature Maduro d’une source cruciale de financement », a souligné la Maison Blanche, qualifiant le régime en place de « dictature ». « Les Etats-Unis réitèrent leur appel au Venezuela à restaurer la démocratie, organiser des élections libres et équitables, libérer immédiatement et sans conditions tous les prisonniers politiques et mettre fin à la répression du peuple vénézuélien », a ajouté l’exécutif américain.

Des dérogations prévues

« Le statu quo est inacceptable », a martelé le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, précisant que des dérogations avaient été prévues, en particulier pour l’aide humanitaire, afin d’éviter que les Vénézuéliens ne soient directement frappés par ces mesures.

Pour Henkel García, directeur de l’institut Econometrica, l’effet de cette mesure est à court terme « très limité », car elle ne porte que sur les nouveaux financements de la dette, mais c’est un nouvel avertissement envoyé à Caracas.

Le Venezuela a immédiatement dénoncé, par la voie de son ministre des affaires étrangères, Jorge Arreaza, la « pire agression » qui soit contre le peuple. « Peut-être que les Etats-Unis essayent de créer ou de promouvoir une crise humanitaire dans notre pays », a-t-il lancé depuis New York à l’issue d’un entretien avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. « Que veulent-ils ? Affamer le peuple vénézuélien ? ».

De son côté, la présidente de l’Assemblée constituante vénézuélienne Delcy Rodriguez a dénoncé une « guerre économique » menée par les Etats-Unis. Cette assemblée, dont les membres sont tous issus du parti au pouvoir, a prévu de siéger deux ans. Elle a pour mission de réécrire la Constitution de 1999 promulguée par le défunt Hugo Chavez. L’opposition accuse Nicolas Maduro de vouloir en fait accroître ses pouvoirs et prolonger son mandat qui s’achève normalement en janvier 2019.

La Maison Blanche exclut une action militaire à court terme

Washington et Caracas, qui n’ont plus d’ambassadeurs respectifs depuis 2010 mais dont les relations s’étaient quelque peu améliorées à la fin du mandat de Barack Obama, conservent des liens économiques et commerciaux étroits, avant tout dans l’industrie pétrolière.

La Maison Blanche a par ailleurs exclu vendredi toute action militaire américaine au Venezuela à court terme. « Nous étudions toujours un vaste éventail d’options », a déclaré le général HR McMaster, conseiller à la sécurité nationale. « Toute décision serait prise en conjonction avec nos partenaires dans la région et aucune action militaire n’est prévue dans un futur proche ».

Interrogé mi-août depuis son golf de Bedminster, dans le New Jersey, Donald Trump avait évoqué « une possible option militaire si nécessaire », provoquant la colère du président vénézuélien Nicolas Maduro qui avait immédiatement ordonné des exercices militaires.

Nombre de pays de la région – Brésil, Colombie, Pérou, Chili, Mexique ou encore Equateur – avaient clairement rejeté la perspective d’un recours à la force.