Donald Trump et le shérif Joe Arpaio à Marshalltown, dans l’Iowa, le 26 janvier 2016. / Brian Snyder / REUTERS

Le président américain Donald Trump a gracié vendredi 26 août dans la soirée le très controversé shérif Joe Arpaio, 85 ans, qui avait été condamné pour avoir fait preuve d’un zèle excessif à traquer les immigrés clandestins.

« Aujourd’hui, le président Donald J. Trump a accordé la grâce présidentielle à Joe Arpaio, ancien shérif du comté de Maricopa dans l’Arizona », indique un communiqué de la Maison Blanche. « La vie et carrière de M. Arpaio, qui a commencé à 18 ans quand il s’est engagé dans l’armée au début de la guerre de Corée, incarne le service public désintéressé, explique ce texte. Le shérif Joe Arpaio a maintenant 85 ans, et après plus de 50 ans d’admirable service pour notre pays, il mérite un pardon présidentiel. »

Le shérif avait été condamné fin juillet pour avoir violé l’injonction d’un juge fédéral lui interdisant ses patrouilles discriminatoires.

Mardi, lors d’un rassemblement de ses partisans à Phoenix en Arizona, le président républicain avait renoncé à faire cette annonce qui était alors attendue, pour éviter de faire dégénérer des manifestations tendues. L’occupant du bureau Ovale avait demandé à ses supporteurs si Arpaio avait été condamné pour « avoir fait son travail ? » et le public avait applaudi. Il avait toutefois laissé entendre que ce n’était que partie remise : « je ne vais pas le faire ce soir parce que je ne veux pas créer de controverse », mais « le shérif peut être tranquille », avait-il promis.

« Le président a choisi la division »

Les réactions au pardon présidentiel en plein ouragan potentiellement dévastateur pour le Texas (sud des Etats-Unis) n’ont pas tardé : le député démocrate Raul Grijalva, d’Arizona, a déclaré que « Joe Arpaio ne mérite pas de pardon. Toute sa vie il s’est conduit comme s’il était au-dessus des lois. Maintenant Trump lui montre qu’il avait raison ».

Un autre parlementaire démocrate, Joaquin Castro, du Texas, a été plus loin, qualifiant M. Arpaio de « sectaire qui a ciblé la communauté hispanique pendant des années. Il aurait dû purger sa peine ».

La grande association de défense des libertés ACLU a estimé pour sa part vendredi que « le président a choisi l’illégalité plutôt que la loi, la division plutôt que l’unité et la douleur plutôt que la guérison ».

Le commentateur républicain, mais très anti-Trump, Bill Kristol, y voit une manœuvre du locataire de la Maison Blanche pour habituer les gens à l’exercice de la grâce présidentielle afin de s’en servir si des proches sont condamnés dans l’affaire de l’ingérence russe dans l’élection.

Le shérif Arpaio a incarné durant près d’un quart de siècle un maintien de l’ordre implacable dans le comté de Maricopa, en Arizona (sud-ouest). Ce partisan affirmé de M. Trump, qui s’est auto-baptisé « le shérif le plus dur d’Amérique », s’est forgé une réputation très controversée, certains voyant du zèle dans ses mesures ouvertement basées sur un ciblage discriminatoire et revendiqué des étrangers hispaniques.