Mariano Rajoy, Carles Puigdemont et Felipe VI à Barcelone, le 26 août. / JUAN MEDINA / REUTERS

Au lendemain de la manifestation contre le terrorisme qui a rassemblé, samedi 26 août, 500 000 personnes dans les rues de Barcelone, l’affrontement a repris de plus belle entre le président catalan, Carles Puigdemont, partisan de l’indépendance de sa région, et le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy.

Dans un entretien au quotidien numérique catalan El Nacional, M. Puigdemont a de nouveau souligné son « engagement inébranlable » à tenir un référendum unilatéral d’autodétermination le 1er octobre et a même proposé à Madrid « une transition courte » si le oui l’emporte.

Après les attentats du 17 août, a ajouté le chef de l’exécutif régional, « nous sommes préparés à affronter n’importe quelle éventualité et nous pouvons gérer nos responsabilités ». Les Catalans « peuvent être certains que lorsque nous convoquerons le référendum, celui-ci aura lieu », a déclaré M. Puigdemont, qui a également précisé que les urnes sont prêtes.

Collision

De son côté, Mariano Rajoy, qui s’oppose férocement à un scrutin qu’il considère illégal, a demandé publiquement aux séparatistes de renoncer à leur « plan de rupture ». Lors d’une réunion du Parti populaire à Pontevedra (Galice), le premier ministre conservateur a répété que son gouvernement avait bien l’intention de « défendre la souveraineté nationale et la Constitution ». Mais si M. Rajoy répète sur tous les tons que le référendum n’aura pas lieu, il n’a pas dévoilé par quels moyens il compte l’empêcher. Barcelone et Madrid s’acheminent donc, doucement mais sûrement, vers une collision.

Loin d’encourager le dialogue, les attentats semblent avoir envenimé davantage les rapports entre les deux exécutifs. Ainsi, des sifflets et les huées des indépendantistes ont accueilli la présence de M. Rajoy et du roi Felipe VI lors du rassemblement à Barcelone en hommage aux victimes des attaques. Madrid avait appelé « tout le monde à participer » à cette manifestation organisée par le gouvernement catalan et la mairie de Barcelone sous le slogan de « No tinc por » (« je n’ai pas peur » en catalan).

Messages contre le roi

La maire, Ada Colau, voulait ainsi conclure une « semaine difficile » et rendre hommage « à la société civile ». Et tout particulièrement « aux secouristes, aux pompiers, aux services sociaux, aux employés municipaux, à la police, aux taxis, aux commerçants » qui, les premiers, avaient porté secours aux victimes.

Mais les manifestants étaient loin d’être unis. Sur les pancartes, on pouvait lire des messages à la fois contre le terrorisme – « La meilleure réponse : la paix » – et contre le monarque espagnol – « Felipe, qui veut la paix ne trafique pas avec les armes ». Nombreux étaient ceux qui arboraient des « esteladas » (« l’étoilée » en catalan), le drapeau des indépendantistes.

Dimanche 27 août, le bilan des attentats de Barcelone et de Cambrils est passé de 15 à 16 morts, après le décès d’une ressortissante allemande de 51 ans, victime de l’attaque des Ramblas.

Grande manifestation à Barcelone, neuf jours après les attentats