Le passage de l’ouragan Harvey dans le sud du Texas, le week-end du 26 août, a amené des vents, un déluge et des inondations d’une magnitude jusqu’ici « jamais vue » dans cet Etat, selon les services météorologiques américains. Les effets de la catastrophe naturelle et la multiplication des appels aux numéros d’urgence ayant saturé les réseaux téléphoniques de la région, les appels à l’aide et les opérations de secours pour les personnes restées coincées dans leurs maisons ont naturellement basculé dans la précipitation sur les réseaux sociaux.

Les autorités — police, pompiers, gardes-côtes, mairie — ont utilisé leurs comptes officiels sur Twitter et Facebook, d’abord pour rassurer la population, mais aussi pour diffuser les ordres d’évacuation ou signaler quels comtés étaient sous les eaux (l’état de catastrophe naturelle a été déclaré dans cinquante-quatre comtés du Texas), ou encore pour demander aux propriétaires de bateau de participer aux opérations de secours, comme l’a fait par exemple le comté de Dickinson.

« Aux habitants de Dickinson, si vous avez des bateaux et êtes prêts à aider la police à secourir des personnes coincées dans leurs maisons, s’il vous plaît appeler ».

Mais le message globalement adressé aux sinistrés sur la page Facebook des gardes-côtes des Etats-Unis, sur celle des gardes-côtes de la ville de Galveston ou celle de la police de Houston pendant l’ouragan était clair : appelez les numéros d’urgence pour toute demande, et surtout ne nous contactez pas sur les réseaux, que ce soit par le biais de commentaires ou en citant nos comptes Twitter.

Tout en voulant maintenir une présence sur les réseaux sociaux, les comptes institutionnels ont prévenu qu’ils ne pourraient répondre à chacune des interpellations numériques.

« A PARTAGER :@USCG demande à chacun d’appeler ces numéros s’ils ont besoin d’être secourus »

« Pour signaler une urgence #harvey vous devez appeler les numéros ci-dessous ou 911. Si ça sonne occupé, essayez à nouveau. Ne signalez pas les appels à l’aide sur les réseaux sociaux ».

L’annonce aura eu l’effet l’inverse. Sous les messages demandant à « ne pas signaler les messages d’urgence sur les réseaux sociaux », les habitants coincés font précisément cela. Les appels à l’aide, souvent avec adresse précise, nombre de personnes et photo de la situation, restent sans réponse des sauveteurs, débordés par des milliers de demandes. D’autres utilisateurs, en revanche, proposent leur aide ou diffusent ces appels plus largement en ligne, contribuant à leur visibilité et, in fine, à l’arrivée des secours.

Les zones commentaires des pages Facebook, de messages sur Twitter ou des hashtags comme #HoustonFlood1 sont devenus des sortes de forums, des lieux d’entraide, d’organisation et d’échange d’informations cruciales pour venir en aide à des personnes parfois en situation désespérée.

Un message de détresse d’une résidente de Houston, coincée chez elle, a, par exemple, été retweeté plus de 12 000 fois.

« J’ai deux enfants avec moi et l’eau est en train de nous entourer. S’il vous plaît, envoyez de l’aide, 11115 Sageview, Houston, Tx. 911 ne répond pas !!! »
Une heure et demie après sa publication, dans la nuit du 26 au 27 août, elle a annoncé avoir été sauvée par les pompiers.

« Secouru par les pompiers. Merci. L’un de vous avait des connexions et tout ce que je peux vous dire c’est que je serais éternellement reconnaissante ».
Des comptes Twitter spécialement dédiés aux appels à l’aide sont apparus, comme@HarveyRescue, pour recenser et diffuser les messages de détresse à l’adresse des professionnels et des particuliers qui patrouillaient dans les rues inondées sur leurs bateaux. Un des outils les plus ingénieux créés pendant la catastrophe est une carte Google, mise à jour en temps réel, avec les adresses des personnes coincées.

Des particuliers, souvent tenus informés de la situation par les médias et les réseaux, ont contribué aux opérations de sauvetage. Comme Crystal Jaramillo et Trey Jones, qui ont sauvé « 22 personnes dans leur kayak » à Texas City, rapporte une journaliste qui les a rencontrés.

Ou Declan, 15 ans, et ses amis, qui ont mis leur bateau à contribution à Meyerland, dans la banlieue sud de Houston.

Sous la vidéo, diffusée sur Twitter par un journaliste du Houston Chronicle, des personnes coincées par les eaux donnaient à l’équipage improvisé leur adresse pour qu’il vienne les sauver.

« Au bloc 5100 de Braesvalley Meyerland. Femme de 83 ans à l’étage de sa maison. A besoin d’aide pour sortir ASAP. Ne peut pas nager. Merci »

« S’il vous plaît aller au 4959 Braesheather !! Jamie Bisel est coincée depuis 5h30. Ses voisins sont sur leur toit depuis 7h. »
Cette photo d’une maison de retraite et de ses occupants sous les eaux à Dickinson a contribué à la venue rapide des secours, alertés par sa viralité grandissante.

Autant d’actions qui peuvent paraître banales, mais deviennent héroïques dans ce contexte dramatique, et qui ont acquis une résonance particulière en ligne. Les autorités américaines craignent que le pire soit encore à venir dans le sud du Texas, avec le point culminant des inondations prévu entre le 30 août et le 1er septembre.

La tempête Harvey plonge le Texas sous les eaux
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