Ce week-end du 26 août, le plus ancien site néonazi et suprémaciste blanc, Stormfront, a disparu d’Internet. L’entreprise qui en assurait l’hébergement, Network Solutions, a décidé de saisir le nom de domaine, déconnectant la plate-forme et rendant son transfert impossible.

Créé en 1995 par Don Black, un ancien responsable du Klu Klux Klan condamné dans les années 1980 à de la prison pour avoir tenté de renverser le gouvernement dominiquais, il revendiquait plus de 300 000 membres.

The Lawyers’Committee for Civil Rights, une ONG de défense des droits civiques, avait fait pression sur l’entreprise d’hébergement, notant que nombre des contenus publiés par Stormfront méconnaissaient les conditions d’utilisation de l’entreprise. Dans un communiqué, la directrice de l’ONG s’est réjouie de la décision de Network Solutions, estimant que Stormfront « est un moyen de propager la violence raciale et la haine ».

Selon le Southern Poverty Law Center, les membres de ce site seraient responsables de plus de 100 meurtres. Il était notamment fréquenté par Anders Breivik, le terroriste norvégien qui a fait 77 morts à Oslo et dans sa région en 2011.

Le premier amendement en question

La manifestation raciste et violente de Charlottesville a relancé le débat sur la politique de certaines entreprises d’Internet vis-à-vis des sites néonazis et suprémacistes blancs. Jusqu’ici, ils étaient tolérés par certains prestataires de services, en vertu du très accommodant droit américain en matière de liberté d’expression. Certains d’entre eux, notamment GoDaddy et Cloudflare, ont infléchi leurs positions et forcé un autre site néonazi, le Daily Stormer, à déménager après l’avoir rendu un temps inaccessible.

Cette posture plus agressive à l’endroit de la droite la plus extrême fait débat dans un pays où le premier amendement à la Constitution est un marqueur politique très fort, tout particulièrement dans le secteur des nouvelles technologies. « Sur Internet, les tactiques utilisées actuellement pour réduire les néonazis au silence seront utilisées contre d’autres, y compris ceux dont nous partageons les opinions », écrivait il y a quelques jours l’Electronic Frontier Foundation, une ONG de défense des libertés numériques.