Le pourboire est de plus en plus remplacé par les commentaires, satisfaits ou pas, sur Internet. / MilStan (Flickr CC BY 2.0)

Tintin pour le pourboire ! Le geste auguste consistant, royal au bar, à laisser négligemment quelques pièces derrière soi est en train de se perdre. Les professionnels des cafés et restaurants font tinter la sonnette d’alarme. L’usage généralisé de la carte de crédit s’y prête mal et l’expression de la satisfaction du consommateur, se lamentent-ils, passe désormais par la formulation d’un avis sur Internet.

L’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) s’inquiète pour le pouvoir d’achat du petit personnel et prépare un projet visant à rétablir le pourliche dans ses droits – voire à le rendre obligatoire – qui sera soumis au gouvernement. Les limonadiers ne manquent pas d’air : le secteur de la restauration, qui a déjà eu droit à un traitement de faveur avec la TVA à taux réduit, pourrait régler le problème en rémunérant mieux le personnel en contact avec les clients.

Une notion de service plus exigeante

Ce krach du pourboire raconte aussi qu’au-delà du soupçon de pingrerie généralisée la notion de service est devenue plus exigeante et la relation plus âpre. Dans le huis clos commercial, le pourboire n’est plus une largesse, encore moins un dû, comme peuvent l’être les tips anglo-saxons. Désormais, il est étroitement lié à la qualité du service (pardon, de la prestation), et récompense le dépassement de fonction ou l’affichage d’une bonne humeur inaltérable. Le garçon de café et la serveuse de restaurant paient l’addition d’un rapport de forces devenu plus favorable au consommateur.

On n’a rien sans rien ; c’est donnant-donnant. Voilà le principe à l’œuvre derrière le crépuscule du pourboire. On laissera à notre aimable clientèle le soin de se forger sa propre opinion sur la question.