Martin Sorrell, le patron de WPP, a été le mieux payé du FTSE 100 en 2016, avec 48 millions de livres (51 millions d’euros). / JUSTIN TALLIS / AFP

La grande réforme de la gouvernance des entreprises promise par Theresa May a fait pschitt ! En juillet 2016, celle qui allait devenir première ministre quelques jours plus tard faisait campagne contre les excès des multinationales et les rémunérations stratosphériques : « Ce n’est pas être antibusiness de dire que les grandes entreprises doivent changer. »

Finalement, en présentant son projet de réforme, mardi 29 août, le gouvernement britannique a abandonné la plupart de ses idées. Fini l’objectif d’imposer un vote annuel obligatoire des actionnaires sur la rémunération des patrons (il en existe déjà un, mais uniquement consultatif). Abandonné, aussi, le projet d’imposer un représentant des salariés dans les conseils d’administration. La principale réforme qui demeure est de forcer les entreprises à publier le ratio entre le salaire moyen de leurs employés et la rémunération du directeur général. Cet indicateur sert souvent à mesurer l’envolée des grands salaires : en 1995, les patrons des grands groupes gagnaient, en moyenne, 48 fois les revenus de leurs propres employés ; en 2015, le multiple atteignait 129, selon les calculs du think tank High Pay Centre.

Manque de précision

Problème, ce ratio manque de précision. Dans une banque comme Goldman Sachs, où presque tout le monde est très bien payé, l’écart avec le patron est limité ; inversement, à Tesco, une enseigne de supermarché avec beaucoup de bas salaires, le fossé est immense. Ce qui ne signifie pas que la première n’a pas un problème d’excès de rémunération… Par ailleurs, les employés devraient un peu gagner en représentativité avec cette réforme. Un de leurs représentants pourra siéger au conseil d’administration, mais au lieu d’imposer cette mesure partout – comme prévu initialement –, deux autres solutions seront possibles : la création d’un conseil consultatif des employés ou la nomination – par la direction – d’un membre du conseil d’administration chargé de représenter les salariés.

Autant de suggestions qui viennent s’ajouter aux multiples réformes imposées depuis une quinzaine d’années pour encadrer les gros salaires… pour l’instant en vain. Gageons que ce projet n’empêchera pas de dormir Martin Sorrell, le patron de WPP, le mieux payé des groupes de l’indice boursier FTSE 100 en 2016, avec 48 millions de livres (51 millions d’euros).