Aydan Özoguz à Berlin, le 22 juin 2016. / CLEMENS BILAN / AFP

Crédité d’environ 10 % dans les sondages, le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) n’a, bien sûr, aucune chance de voir son candidat, Alexander Gauland, entrer à la chancellerie après les législatives du 24 septembre. Mais pour ce dernier, la campagne électorale pourrait se terminer au tribunal. Mardi 29 août, un ancien magistrat de la Cour fédérale de justice, la plus haute juridiction allemande en matière de droit civil et pénal, a déposé plainte contre lui pour « incitation à la haine » après ses propos visant Aydan Özoguz, secrétaire d’Etat à l’intégration et vice-présidente du Parti social-démocrate (SPD).

Ces déclarations remontent au 26 août. Lors d’un meeting à Eichsfeld (Thuringe), M. Gauland s’en est pris à Mme Özoguz, fille de travailleurs immigrés turcs, qui avait déclaré, en mai, dans le quotidien berlinois Der Tagesspiegel, qu’« il n’est pas possible d’identifier, au-delà de la langue, une culture allemande spécifique ».

« Rien à faire dans ce pays »

« C’est une Germano-Turque qui dit cela. Vous n’avez qu’à l’inviter à Eichsfeld et lui dire ce que la culture allemande a de particulier, a lancé candidat de l’AfD. Ensuite, elle ne reviendra plus ici et, Dieu merci, nous allons pouvoir ensuite nous en débarrasser en Anatolie. » Interrogé, mardi, par la Frankfurter Allgemeine Zeitung, M. Gauland a répété que Mme Özoguz n’a, selon lui, « rien à faire dans ce pays » et qu’elle ferait mieux d’« en chercher un autre ».

Ancien membre de l’Union chrétienne démocrate (CDU), le parti de la chancelière Angela Merkel – qui a qualifié, mardi, ces propos de « racistes » –, entré à l’AfD dès sa création en 2013, M. Gauland n’en est pas à sa première déclaration de ce genre. En 2016, il avait suscité une polémique en déclarant que ses concitoyens ne souhaitaient pas avoir comme « voisins » des hommes comme Jérôme Boateng, membre de l’équipe nationale de football, né d’une mère allemande et d’un père ghanéen.