Bernard Laporte, en septembre 2015. / LOIC VENANCE / AFP

Il est enfin sorti de son silence. Soupçonné de favoritisme à l’endroit du club de Montpellier (MHR), le président de la Fédération française de rugby (FFR) Bernard Laporte a nié dans la soirée du mardi 29 août soir ces accusations, qui ont entraîné, selon la presse, la démission d’une quatrième personne affiliée à l’institution.

Le 30 juin, la commission d’appel fédérale décide de réduire des sanctions prononcées en première instance par la commission de discipline de la Ligue nationale de rugby (LNR) à l’encontre du MHR. Club dont le président, Mohed Altrad, a signé un contrat d’image avec Bernard Laporte pour un montant de 150 000 euros. Face à la polémique, ce dernier y a finalement renoncé lundi. M. Altrad, à la tête d’un groupe de matériel pour le BTP, est aussi devenu fin mars le premier partenaire maillot du XV de France.

Or, rapporte Le Journal du dimanche du 27 août, le 29 juin, la même commission d’appel fédérale avait pourtant confirmé le jugement de première instance. Seulement voilà, entre-temps, Bernard Laporte serait intervenu pour faire modifier cette décision. C’est en tout cas ce qu’affirme, dans une lettre adressée au président de la commission fédérale Jean-Daniel Simonet et publiée par le JDD, Philippe Peyramaure, l’un des trois membres de la commission présents lors de la séance du 29 juin. Ce dernier a depuis démissionné.

« Respect de l’indépendance »

« J’ai donné un éclairage politique après une crise grave avec le rugby professionnel qui nous avait menés devant le Conseil d’Etat », a justifié M. Laporte au Parisien.fr, pour sa première prise de parole depuis la révélation de l’affaire. L’ancien sélectionneur du XV de France (2000-2007) et secrétaire d’Etat aux Sports (2007-2009) évoque ainsi l’opposition de Montpellier et de la FFR à la décision de la Ligue nationale de rugby (LNR) de reporter le match Montpellier-Racing 92 après l’affaire de la fusion avortée Racing-Stade Français. Cette crise qui s’était terminée devant le Conseil d’Etat.

« Le temps était à l’apaisement. J’ai appelé M. Simonet pour porter à sa connaissance ces événements afin qu’il en tienne compte dans sa décision, dans le respect de l’indépendance de la commission d’appel. »

M. Simonet a fait savoir plus tôt dans un communiqué que la décision prise le 30 juin avait été « rendue librement dans sa formation collégiale en vertu des règlements généraux qui s’imposent à elle et [que] la sanction infligée au club professionnel de Montpellier est conforme à la jurisprudence ». Il décidera mercredi, jour de réunion de la commission, à Marcoussis (Essonne) au siège de la FFR, de rester ou non à son poste, a-t-on appris auprès de l’un de ses membres. Selon Lequipe.fr, un quatrième membre de la commission fédérale, Vincent Chaumet-Riffaud, a démissionné à la suite de cette affaire.

Le cas Laporte examiné

Selon Bernard Laporte, M. Peyramaure est « instrumentalisé » par « des gens qui ne supportent pas » de le voir à la présidence de la FFR. Il a d’ailleurs exclu de démissionner de son poste :

« J’irai au bout de mes réformes, dans l’intérêt du rugby amateur et de l’équipe de France, même si cela dérange. »

Interrogée sur cette affaire, la ministre des sports, Laura Flessel, avait déclaré mardi être « en pleine réflexion » sur le cas Laporte. « Mon cabinet a parlé avec lui, il a soumis des dossiers (…) On attend d’autres retours d’informations et après il faudra trancher » a-t-elle précisé au micro de France Bleu. Interrogée un peu plus tard sur BFM Sports, elle a ajouté qu’elle se prononcerait « d’ici quelques jours ». L’ancienne épéiste a également affirmé que la candidature de la France à la Coupe du monde de rugby 2023 se ferait « avec ou sans Bernard Laporte ».

L’intéressé, lui, regrette seulement – « avec le recul » – d’avoir signé un contrat d’image avec Mohed Altrad, mais assure n’avoir « rien dissimulé ».