Greg Abbott, le gouverneur du Texas, avec le président Donald Trump, à Corpus Christi, près de Houston, le 29 août 2017. / JIM WATSON / AFP

Editorial du « Monde  » Si les eaux diluviennes déversées par une tempête hors norme commencent à refluer de Houston, au Texas, le sud des Etats-Unis n’en a pas fini avec la tempête Harvey. La Louisiane est à son tour frappée et les responsables américains se rendent à l’évidence : la facture de ce désastre s’élèvera à des dizaines de milliards de dollars. Bien plus que pour Katrina, en 2005, ou pour Sandy, en 2012.

L’étroite coopération entre les autorités texanes et fédérales a sans aucun doute permis de réduire le nombre des victimes

Les leçons de l’ouragan Katrina, qui avait dévasté La Nouvelle-Orléans et sa région et causé la mort de 1 836 personnes, ont été retenues. L’étroite coopération entre les autorités texanes et fédérales a sans aucun doute permis de réduire le nombre des victimes, pour l’instant limité à 33 morts, et d’accueillir le plus décemment possible plus de 30 000 sinistrés. L’élan de solidarité que la catastrophe a suscité au Texas et dans le pays tout entier sera également précieux à l’heure des bilans.

Des questions restées dans l’ombre

Contrairement à George W. Bush en 2005, Donald Trump n’a pas sous-estimé cette tempête, dont il a souligné le caractère exceptionnel, par sa violence et sa puissance. Présent sur place dès mardi 29 août pour délivrer un message de détermination et d’optimisme, le président a prévu de revenir rapidement sur les lieux. Il s’est engagé à ce que les moyens fédéraux ne fassent pas défaut.

Le président américain a cependant laissé dans l’ombre un certain nombre de questions légitimes. Chantre de la dérégulation, en particulier en matière d’environnement, il avait annulé le 15 août un décret de son prédécesseur, Barack Obama, visant à interdire le recours à des fonds fédéraux pour la construction d’infrastructures dans les zones exposées aux risques d’inondations. Quelles directives seront-elles données pour reconstruire demain dans les quartiers ravagés ?

Dans ses commentaires, Trump n’a fait aucune allusion aux températures très élevées des eaux du golfe du Mexique.

M. Trump, qui ne cesse aujourd’hui d’en dire le plus grand bien, comptait aussi réduire les fonds de l’agence chargée des catastrophes naturelles et ceux des services météorologiques permettant de les anticiper, pour financer d’autres priorités : les dépenses militaires et la construction d’un « mur » sur la frontière avec le Mexique. Les épargnera-t-il après Harvey ?

Mais c’est surtout sur la question du dérèglement climatique que le silence de Donald Trump est assourdissant. Si les experts, prudents, restent réticents à établir une corrélation étroite entre un phénomène naturel comme Harvey et le réchauffement climatique, le président des Etats-Unis n’y a pas fait une seule allusion dans ses commentaires sur la catastrophe, liée à des températures très élevées constatées dans le golfe du Mexique.

De terribles innondations en Asie du Sud

Au même moment, d’autres désastres naturels de grande ampleur semaient la mort dans des proportions bien supérieures au Niger et surtout en Asie du Sud, où la mousson a provoqué de terribles inondations en Inde, au Bengladesh et au Népal.

Ce silence ne surprendra personne. M. Trump, dont le pays a formalisé, le 4 août, son retrait de l’accord de Paris sur le climat, et qui n’aime rien de moins que vanter le « magnifique charbon propre », reste arc-bouté sur sa défiance face aux évolutions du climat et muet sur leurs conséquences aux Etats-Unis.

La tempête Harvey impose au contraire, plus que jamais, la pédagogie. Cette dernière sera indispensable pour que les habitants des quartiers de Houston frappés ces derniers jours ne deviennent pas, à intervalles réguliers, des réfugiés climatiques. La défiance, elle, n’empêchera pas les eaux de monter.