Donald Trump lors de l’annonce du retrait américain de l’accord de Paris, à Washington, le 1er juin 2017. / BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Prompt à commenter sur son compte Twitter la tempête Harvey, qui déferlait jeudi 31 août sur la Louisiane après avoir dévasté le Texas, Donald Trump se montre en revanche discret sur un autre sujet renvoyant lui aussi à des considérations climatiques : le retrait américain de l’accord de Paris. Le dossier a pourtant connu un développement significatif ces dernières semaines.

Le 1er juin, le président américain avait annoncé avec perte et fracas son désengagement de l’accord international scellé à Paris en décembre 2015 pour contenir le réchauffement. Mais l’annonce n’avait été suivie d’aucun détail sur le scénario retenu par la Maison Blanche. Après deux mois de silence, Washington a précisé ses intentions dans une notification adressée le 4 août au secrétaire général des Nations unies, dépositaire du texte.

Le deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre de la planète, derrière la Chine, y fait part de sa volonté « d’exercer [son] droit de retrait de l’accord de Paris ». « A moins qu’ils ne trouvent des modalités de réengagement qui leur agréent, les Etats-Unis adresseront par écrit au secrétaire général une notification officielle de leur intention de se retirer de l’accord dès qu’ils seront en droit de le faire », poursuit le courrier officiel.

Double jeu

La Maison Blanche est consciente des marges de manœuvre réduites dont elle dispose. Contraint de respecter les termes de l’accord ratifié par son prédécesseur, Donald Trump ne pourra enclencher le processus de retrait qu’à l’expiration d’un délai de trois ans à compter de la date d’entrée en vigueur de l’accord, autrement dit pas avant novembre 2019.

S’il n’a, par conséquent, pas de portée légale, le document envoyé à l’ONU revêt un caractère politique. Dans un exercice de grand écart périlleux, le président républicain tente de montrer à ses partisans qu’il tiendra sa promesse électorale mais ne ferme pas pour autant la porte à un possible « réengagement ». Un double jeu qui rappelle le discours du 1er juin, dans lequel l’homme d’affaires mêlait à la fois dénonciation virulente de l’accord et proposition de le « renégocier ».

Le but de la communication du 4 août n’est « pas clair », estime la juriste américaine Susan Biniaz. Mais cette spécialiste de la diplomatie climatique, qu’elle a suivie pendant plus de vingt-cinq ans au sein du département d’Etat, reconnaît au document la vertu de clarifier un point important : « L’intention de se retirer ne s’applique qu’à l’accord de Paris. Les Etats-Unis vont continuer de participer aux négociations relatives au climat. »

« Protéger les intérêts des Etats-Unis »

Une note interne du département d’Etat destinée aux diplomates américains en poste à l’étranger, révélée le 8 août par l’agence Reuters, confirme ce choix de rester à la table des discussions « afin de protéger les intérêts des Etats-Unis ». Suivant la même logique, en dépit de l’arrêt du financement américain au Fonds vert pour le climat, annoncé le 1er juin, Washington « continuera à participer aux réunions » du fonds « afin de s’assurer que l’argent des contribuables américains précédemment engagé est géré de manière appropriée », justifie la note.

Une délégation représentera donc les Etats-Unis à la COP23, sous présidence fidjienne, qui se tiendra en novembre à Bonn, en Allemagne. Mais on n’en connaît ni la taille ni le patron, puisque le poste d’envoyé spécial pour le changement climatique – occupé jusqu’en janvier par Jonathan Pershing – devrait disparaître d’ici là.

Selon les informations recueillies par la chaîne CNN, le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson envisagerait d’intégrer cette fonction au sein de la direction des océans et des affaires internationales environnementales et scientifiques. Le représentant spécial des Etats-Unis pour la région arctique pourrait connaître le même sort. Au total, seule une trentaine des 70 envoyés spéciaux devrait être maintenue dans le projet de réorganisation imaginé par MM. Trump et Tillerson. Il serait question aussi de réduire de 30 % le budget du département d’Etat.