Série sur OCS à la demande

Legion Official Trailer #1 [HD] | An Original Series From FX and Marvel
Durée : 01:40

Deux options, ce soir, radicalement opposées. D’un côté, une série danoise, Bankerot (Coup de feu en cuisine), sur Arte, dont les personnages, attachants, et l’évolution, largement prévisible, permettront de passer une « confortable » soirée, gentiment délassante. De l’autre, une série explosive, formellement inventive et subtilement déstabilisante : Legion, sur OCS, la très belle déclinaison de l’univers des X-Men que signe Noah Hawley – qui fut aussi le créateur de la série Fargo, elle-même imaginée, avec une grande réussite, à partir de l’œuvre des frères Coen.

On peut ne rien connaître aux X-Men, ne porter aucun intérêt aux superhéros créés pour câliner l’ado qui sommeille en chacun, et pourtant apprécier grandement Legion. Pour sa mise en scène, ses partis pris visuels, son humour et sa musique. Mais aussi parce qu’en nous attachant indéfectiblement à deux jeunes gens enfermés dans un hôpital psychiatrique – ce qui donnera lieu au baiser cinématographique le plus touchant qui soit –, Noah Hawley aura dès le départ gagné son pari : nous emporter, à travers eux, vers un univers hallucinant et poétique, totalement déjanté et pourtant empreint de cohérence.

Ayant quitté les habits du séduisant Matthew Crawley de Downton Abbey, l’acteur Dan Stevens devient ici David Haller, un jeune homme qui s’ennuie tranquil­lement au sein de l’hôpital Clock­works – un des hommages à Orange mécanique, de Stanley ­Kubrick –, où il lui arrive encore d’entendre des voix, d’avoir des visions ou de subir des hallucinations : des délires que la psychiatrie attribue à une schizophrénie paranoïde. Ce dont il est permis au spectateur de douter, dès le départ, tant ce jeune homme fait montre d’humour pour analyser son état…

LEGION Season 1 NEW TRAILERS (2017) FX Series
Durée : 01:35

Le vrai grand chambardement dans sa vie d’hôpital et de routine survient avec l’arrivée de Syd Barrett, non pas celui qui fonda les Pink Floyd – la musique de la série se charge d’y faire référence –, mais une fraîche jeune fille qui semble n’avoir qu’un problème : il ne faut absolument pas la toucher. Ce qui n’empêchera pas ces deux-là de « sortir ensemble », en tenant le même foulard pour se balader « main dans la main » sans se toucher. Ce qui surprend le plus, ici, n’est pas tant le brouillage entre réalité, hallucinations, rêves et réminiscences, que le culot sans réserve de celui qui l’a conçu. Noah Hawley n’hésite en effet jamais à introduire des ruptures dans le récit, à mêler plusieurs spirales du temps, à jouer et tromper entre illusion et véridique, à l’image de ce que vit son personnage. Comme David Haller, emporté dans une aventure qui le conduit constamment à douter du « réel » et de ce qu’il ressent, le spectateur se voit soumis à un jeu de conjectures : est-on dans la vie, l’imagination ou une hallucination du personnage ?

Message central, classique, propre à rassurer tout ado-adulte : ta différence, ce que d’autres appellent ta folie, voilà précisément ce qui fait ta force, ton identité. Donc ne te laisse pas aveugler par l’incompréhension des autres, ne culpabilise pas et ne renonce surtout pas. Tel est le discours principal que la jeune fille qu’on ne touche pas, Syd, va délivrer à David, en arrivant dans l’hôpital Clock­works. Pour l’amener à comprendre et à accepter qu’il existe une autre interprétation de ce que l’académie nomme « symptômes d’une maladie mentale »

Legion, série créée par Noah Hawley. Avec Dan Stevens, Rachel Keller, Aubrey Plaza (EU, 2017, 8 x 60 min).