Houston, au Texas, le 29 août 2017, après le passage de Harvey. / David J. Phillip / AP

La facture est astronomique mais l’avenir nous appartient. C’est le sentiment paradoxal qui domine après la dévastation de Houston, quatrième métropole des Etats-Unis, par l’ouragan Harvey. Certes, la souffrance et les dégâts sont considérables, certains avancent le chiffre de 140 milliards de dollars, soit plus que l’ouragan Katrina, qui avait coûté, en 2005, 100 milliards de dollars. Mais à la différence de La Nouvelle-Orléans, qui vivait un peu perdue dans son passé, Houston se veut tournée vers l’avenir.

« La ville est équipée pour rebondir », assure froidement le Wall Street Journal, qui a interrogé James Richardson, professeur d’économie à la Louisiana State University : « La Nouvelle-Orléans a été frappée parce que les gens ne sont pas revenus. » Entre août et décembre 2005, elle avait perdu un tiers de ses emplois et n’a jamais retrouvé sa population pré-Katrina. Mais, explique M. Richardson « je serais surpris qu’il y ait une telle perte à Houston ».

Défi à la nature

Capable d’envoyer un homme sur la Lune, capitale de l’industrie pétrolière américaine, centre médical parmi les plus développés du monde, hub aérien, Houston est une cité d’entrepreneurs pionniers. La ville fondée dans les années 1830 sur un bayou, sans cesse inondée et dévastée, est un défi à la nature.

Houston, c’est le rêve américain refondé sur les catastrophes : un ouragan de force 4, qui fit 6 000 morts en 1900 dans la région, conduisit en 1914 à la construction du port de Houston en zone plus abritée, explique le New York Times. Portée jusqu’à présent par une régulation urbanistique laxiste, elle croyait qu’elle pourrait s’étendre éternellement. La question est de savoir si ce modèle de croissance permanente sera remis en cause.

A court terme, en dépit des destructions, l’outil économique, qui produit 500 milliards de dollars de PIB par an (le cinquième de la France), devrait repartir d’autant plus facilement que la région s’est diversifiée et ne dépend plus exclusivement du pétrole comme dans les années 1980. Il n’empêche que le secteur est secoué. Mercredi 30 août, 8 raffineries sur 28 étaient complètement à l’arrêt.

Depuis Katrina, la donne a changé dans le secteur : grâce à l’explosion du pétrole de schiste, le golfe du Mexique est devenu non pas importateur mais exportateur massif de produits raffinés, ce qui accentue l’impact sur les marchés mondiaux d’une fermeture des installations du golfe du Mexique. Le prix de l’essence a augmenté de près de 5 % aux Etats-Unis par crainte de pénurie, mais celui du pétrole a baissé, faute de demande des raffineries.

En revanche, le port de Houston n’est visiblement pas endommagé et devait rouvrir vendredi 1er septembre. L’accès se fera de jour tandis que l’accueil des plus gros navires devrait rester restreint. Le coût des dommages aux infrastructures de la région pourrait atteindre 5 à 10 milliards, et le manque à gagner 10 milliards supplémentaires.

15 % des maisons assurées

En dépit des dégâts, l’économie pourrait connaître un rebond avec la reconstruction, prise en compte dans la croissance, à la différence des destructions. L’institut d’expertise allemand sur les catastrophes naturelles, CEDIM, estime que les pertes dues à l’ouragan devraient atteindre 4 milliards, et celles dues aux inondations 57 milliards (19 pour l’immobilier résidentiel, 16 pour les entreprises, 17,5 pour les bâtiments publics et 5,2 pour les biens comme les automobiles). Les estimations varient grandement selon les institutions.

Seules 15 % des maisons étaient assurées contre les inondations à Houston. Au total, à peine 40 % des pertes devraient être remboursées, et pour une large part par l’Etat fédéral américain. Depuis 1968, c’est une agence d’Etat qui prend en charge l’indemnisation des inondations, car les primes d’assurances devenaient trop prohibitives. Mais il faut être assuré pour en bénéficier.

Sa couverture est limitée à 250 000 dollars pour une maison et 100 000 pour le mobilier. Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, estime que les demandes de fonds à l’Etat fédéral dépasseront les 125 milliards de dollars, soit plus que Katrina. Donald Trump, lui, a promis de faire un don personnel d’un million de dollars.