Pilote d’une Yamaha 450 WRF, Hugo Blanjoue court la saison 2017 sous les couleurs de l'équipe d'enduro FFM armée de Terre. / ADJ. SEBASTIEN RAFFIN/FFM

Hugo Blanjoue n’a pas failli. A peine franchie la ligne d’arrivée de la deuxième étape des Six Jours internationaux d’enduro, qui se courent à Brive-la-Gaillarde jusqu’au samedi 2 septembre, il s’immerge dans un bain de glaçons – le top pour accélérer la récupération et soigner les contusions. Et sans broncher : « La première fois, ça a été dur, maintenant ça va ! »

La pratique vient du rugby, sauf qu’ici les baignoires sont des poubelles… L’effet est le même. Accessoirement, ça rafraîchit après six heures de course poussiéreuse disputée sous 35 degrés. « Physiquement, on souffre un peu avec la chaleur, mais ça va. » Ça va même toujours, si l’on écoute le benjamin de l’équipe de France d’enduro.

L’Equipe de France d’enduro 2017

Entraînées par Frédéric Weill, les trois catégories sont composées cette année, de 4 pilotes en équipe rrophée et de 3 pilotes en féminine et junior. Désormais, tous les résultats comptent ; auparavant, seuls les 4 meilleurs temps des 6 pilotes étaient retenus.

Equipe trophée : Christophe Charlier, Jeremy Tarroux, Loïc Larrieu et Christophe Nambotin, dont c’est la huitième sélection.

Equipe féminine : Audrey Rossat (8 sélections également), Juliette Berrez et la rookie Samantha Tichet.

Equipe junior : premières participations pour Jérémy Miroir et Hugo Blanjoue, et l’expérimenté Anthony Geslin.

Grand, large d’épaules, le jeune homme s’exprime dans un sourire et avec aisance, alors qu’il a chuté l’après-midi même, abîmant légèrement sa Yamaha 450. Régulièrement dans les trente premiers à l’arrivée, sur 650 pilotes en catégorie pros, il confirme en Corrèze une saison nationale prometteuse, sa première sous les couleurs du 503e régiment du train de Garons, qui a commencé en avril par un doublé au Luc (Var).

Né en 1995 à Nîmes d’une mère comptable et d’un père « dans l’import-export », Hugo Blanjoue n’était pas prédestiné à une carrière de sportif militaire « avec statut de pilote professionnel »… si ce n’est par « un papa branché moto ». A l’âge de 4 ans, il étrenne sa première Piwi, une moto pour enfant ; deux ans plus tard, il dispute sa première épreuve.

Le virus est pris, mais pour le motocross. L’adolescent s’entraîne près de chez lui, dans l’arrière-pays marseillais, avant de devoir migrer vers Aix-en-Provence, « chassé » par les espaces protégés.

A 20 ans, Hugo Blanjoue compte déjà dix ans de compétition motocross à son actif quand il découvre l’enduro, un virage dans sa carrière semée d’embûches, au sens propre du terme. Le jeune homme a déjà été victime de nombreuses fractures. « On fait un métier dangereux, on le sait », dit-il. C’est le prix à payer pour « le plaisir de rouler dans des paysages sans cesse renouvelés » – l’enduro se court sur piste ouverte.

Hugo Blanjoue, premier junior des ISDE de Brive au scratch, le 30 août. / PASCAL HAUDIBERT/#EQUIPESDEFRANCEISDE

Résidant à Nîmes, où est basée son équipe, il s’entraîne au camp militaire, même si les meilleurs spots d’enduro se trouvent en Italie, « dans la région de Bergame ». Il apprécie de « jouer dans la nature ». Le souci de l’environnement et la pratique de la moto ne lui semblent pas antinomiques : « L’enduro n’est pas le sport le plus propre, mais on respecte les lieux, on nettoie. Seules les ornières subsistent après une compétition. Mais en VTT aussi. »

« La vraie pollution, c’est le bruit »

« La vraie pollution, reprend Hugo Blanjoue, ce n’est pas celle aux hydrocarbures, c’est le bruit. » Il est possible de construire des motos moins bruyantes, mais cela fait perdre en puissance. Or « on est déjà pas mal bridés en France ». Quant aux motos électriques qu’il a essayées, « elles sont techniquement très abouties, mais elles manquent d’autonomie ».

L’avenir, il le voit en professionnel « civil » – le partenariat entre la Fédération française de motocyclisme et l’armée pourrait s’arrêter à la fin de 2017 –, chez Yamaha, KTM ou Sherco. En attendant, il savoure sa première participation aux Mondiaux d’enduro, leur ambiance exceptionnelle, et enchaîne : déjeuner froid à 18 heures, séance de kiné, repérage de la spéciale du lendemain, souper, coucher. « Après la poussière de mardi, on retrouve l’herbe vierge. Ça va aller ! »