Trois cent quatre-vingt-six jours sans arpenter un tatami de compétition… Samedi 2 septembre, à Budapest, lorsqu’il entamera son tournoi face à l’Egyptien Maisara Elnagar à la quête d’un neuvième titre mondial, Teddy Riner disputera son premier combat depuis la finale olympique remportée le 12 août 2016 à Rio. Une situation inédite, qui n’était pas prévue, puisqu’une blessure au tibia l’a notamment conduit à renoncer au championnat d’Europe, en avril dernier.

Conséquence de cette année quasi blanche, pour la première fois de sa carrière, le double champion olympique n’est pas tête de série lors de ces Mondiaux. « Au lieu de quatre ou cinq combats, il devra en faire six pour être champion du monde. Il a fallu se préparer à cette réalité et enchaîner plus de combats à l’entraînement. Au moins, le tirage au sort a été plus clément et il ne rencontre pas de tête de série au premier tour », explique son entraîneur, Franck Chambilly.

Les choses sérieuses devraient quand même commencer dès les quarts de finale, où Teddy Riner pourrait affronter le champion d’Europe en titre, le jeune Géorgien Guram Tushishvili, qui est monté cette année dans la catégorie des + 100 kg, ou le Japonais Takeshi Ojitani, invaincu depuis deux ans – il était absent des Jeux de Rio.

« J’ai perdu 25 kilos [depuis sa reprise de l’entraînement en janvier], j’avais vraiment abusé après Rio »

Quand certains pourraient être déstabilisés par cette drôle de préparation, Teddy Riner se montre sûr de sa force. En conférence de presse, à quelques jours de son entrée en compétition, le nouveau judoka du PSG – après huit ans à Levalllois, il a signé pour cinq ans à la nouvelle section judo du club parisien – ne doute pas un seul instant : « J’ai suffisamment d’expérience dans ces tournois pour savoir comment ça marche, je n’arrive pas dans l’inconnu. Je m’entraîne de façon intelligente, à mon rythme. J’ai perdu 25 kilos [depuis sa reprise de l’entraînement en janvier], j’avais vraiment abusé après Rio. Je me sens très bien physiquement. »

Après avoir une nouvelle fois triomphé à Rio, le champion, qui a insisté pour disputer ces Mondiaux alors que son staff réfléchissait après les JO à faire l’impasse, a logiquement connu une période de décompression, entre les sollicitations multiples et le besoin de souffler. « Après son premier titre olympique en 2012, il avait déjà coupé six mois et était revenu avec des kilos en trop. Cette année, il a aussi fallu dégraisser l’animal. Ensuite, on a pu peaufiner et se tourner vers le qualitatif », raconte son préparateur physique, Yann Moriceau.

Invaincu depuis 2010

Une fois l’état de forme retrouvé, une nouvelle orientation a en effet été donnée à la préparation de Teddy Riner. Naturellement fort et puissant, le Français a insisté sur la technique, lui qui possède une grande mobilité et une agilité motrice étonnante pour un judoka de son gabarit (2,04 m). « Teddy sait qu’il n’a pas fait tout ce qu’il fallait physiquement parlant mais on a compensé par davantage de judo. C’est peut-être l’équilibre qui lui conviendra à l’avenir. Nous verrons si cette année post-olympique expérimentale ne sera que transitoire ou visionnaire en vue des Jeux de Tokyo », confie Yann Moriceau, également entraîneur national de l’haltérophilie.

A 28 ans, le Guadeloupéen, invaincu depuis le 13 septembre 2010, espère entamer victorieusement une nouvelle olympiade qui doit le conduire, dans trois ans, à une troisième médaille d’or olympique à Tokyo. Sur la terre de naissance du judo, il rejoindrait dans l’histoire le Nippon Tadahiro Nomura sacré aux JO en 1996, 2000 et 2004. Et il pourrait même le dépasser grâce à la nouvelle épreuve mixte par équipes, qui sera étrennée, dimanche, lors de ces Mondiaux, et qui figurera pour la première au programme des JO 2020. Teddy Riner a encore soif de records.