Lilian Tintori à Caracas, au Venezuela, le 2 septembre. / ANDRES MARTINEZ CASARES / REUTERS

Une opposante vénézuélienne, Lilian Tintori, a annoncé samedi 2 septembre que son passeport lui avait été confisqué alors qu’elle devait se rendre en Europe avec le chef du Parlement vénézuélien, entraînant des protestations dans plusieurs capitales.

« Il m’est interdit de quitter le pays. La dictature tente d’empêcher que nous fassions une importante tournée internationale », a écrit sur Twitter Lilian Tintori, épouse de l’opposant historique Leopoldo Lopez, qui se présente comme une militante des droits de l’Homme.

Tournée maintenue

Peu auparavant, Julio Borges, chef du Parlement vénézuélien, seule institution contrôlée par l’opposition au président socialiste Nicolas Maduro, a annoncé qu’il allait rencontrer « dans les prochains jours » le président français Emmanuel Macron et les chefs des gouvernements allemand, espagnol et britannique, Angela Merkel, Mariano Rajoy et Theresa May.

« Au cours des prochains jours, nous allons rencontrer Macron, Merkel, Rajoy et la Première ministre britannique Theresa May », a écrit M. Borges sur son compte Twitter, sans donner plus de détails.

Au cours d’une conférence de presse, Mme Tintori a déclaré qu’elle ne savait pas si M. Borges avait quitté le Venezuela, mais elle a assuré que la tournée prévue était maintenue.

L’agenda officiel de M. Rajoy, consulté par l’Agence France-Presse, annonce bien une rencontre mardi avec le chef du Parlement vénézuélien, en compagnie de Mme Tintori. Les rencontres évoquées dans d’autres capitales n’étaient pas confirmées immédiatement.

« L’opposition vénézuélienne doit rester libre »

Le président Macron a réagi dans la soirée sur Twitter. « Nous attendons Lilian Tintori en Europe. L’opposition vénézuélienne doit rester libre », a-t-il écrit.

« L’interdiction de sortie infligée à Lilian Tintori est lamentable. On peut enfermer les personnes, mais pas les idéaux. Liberté pour le Venezuela », a déclaré M. Rajoy, également sur Twitter.

Le ministère espagnol des affaires étrangères a condamné « cette nouvelle violation des droits de l’homme au Venezuela qui ne contribue pas à régler de manière pacifique et démocratique la crise dans ce pays ».

La Grande-Bretagne a elle aussi déploré la mesure prise contre Lilian Tintori. Dans un communiqué, elle a exhorté « toutes les parties au Venezuela à se réunir pour négocier des actions concrètes afin de mettre le pays sur le chemine du respect des droits de l’homme ».

Accusée de corruption

Caracas a répliqué avec force au soutien apporté à Mme Tintori par MM. Macron et Rajoy. « Nous rejetons le comportement du président de la France, Emmanuel Macron, qui suit le scénario de l’extrême droite européenne contre le Venezuela », a déclaré sur Twitter le ministre vénézuélien des affaires étrangères, Jorge Arreaza. Le ministre a aussi condamné « l’ingérence » de Rajoy, « qui profère des attaques contre la démocratie vénézuélienne et ses institutions ». Le chef de la diplomatie vénézuélienne a en outre accusé MM. Macron et Rajoy de soutenir quelqu’un qui a commis « de graves délits de corruption ».

Mme Tintori est accusée de corruption par les autorités vénézuéliennes depuis la découverte fin août dans une voiture lui appartenant d’une forte somme d’argent en liquide. Elle nie toute action illégale. « Dans notre pays, toute organisation politique doit rendre des comptes sur l’origine de ses fonds. Il n’y a pas de partis ou de personnalités intouchables », a déclaré M. Arreaza.

« Régime dictatorial »

L’opposante a déclaré, photo à l’appui, qu’elle s’était rendue à l’aéroport de Caracas en compagnie des ambassadeurs d’Espagne, d’Allemagne et d’Italie afin qu’ils constatent qu’elle était empêchée de quitter le territoire. Le ministère espagnol des affaires étrangères a confirmé la présence de son ambassadeur au côté de Mme Tintori, ainsi que celle d’autres diplomates de l’Union européenne.

Dans un communiqué diffusé à Madrid, Mme Tintori assure qu’elle devait rencontrer des dirigeants de France, d’Espagne, d’Allemagne et du Royaume-Uni. Elle promet que « cette nouvelle intimidation » imposée par « un régime dictatorial » ne fera pas taire les opposants au président Maduro.