Documentaire sur Arte à 22 h 50

BELMONDO, LE MAGNIFIQUE / Arte
Durée : 01:54

On a beau connaître (presque) tout sur la carrière et la vie de Jean-Paul Belmondo, chaque nouveau documentaire tourné sur « l’acteur préféré des Français » nous le fait redécouvrir avec plaisir. Malgré les années et les accidents de santé, il reste toujours ce rebelle libertaire revendiquant et affichant une grande liberté de ton. C’est ce que nous montre Belmondo, le magnifique, de Bruno Sevaistre, diffusé à la suite du film d’Henri Verneuil Week-end à Zuydcoote (1964), dans le cadre d’une soirée hommage.

Habilement mis en scène avec comme fil rouge une salle de boxe, dont Belmondo, apprenti boxeur dans sa jeunesse, reste un grand adepte, le documentaire retrace la vie de « Bébel » à travers de nombreuses archives et des entretiens. On retiendra ceux enregistrés avec les critiques François Chalais et Bernard Pivot à qui il se confie avec verve et gourmandise. Désinvolte, blagueur, charmeur, un peu voyou et, surtout, champion de la décontraction, Belmondo se montre au naturel.

Le Cerveau (1969) - Il se passe que je vous emmerde monsieur
Durée : 01:50

Cancre à l’école et doux rêveur, le jeune garçon a su casser les codes, et notamment ceux des écoles de théâtre. Elève de Raymond Girard, professeur d’art dramatique qui savait repérer les talents, Belmondo raconte une nouvelle fois son passage au Conservatoire où Pierre Dux, homme d’ordre et de conventions, ne supportait pas les manières de potache qu’il entretenait avec sa bande de copains (Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Pierre Vernier ou Michel Aumont). Excédé, Dux lui avait prédit qu’il n’avait aucune chance de tenir une actrice dans ses bras sans que la salle éclate de rire.

L’avenir montra qu’il s’était totalement trompé. En 1956, exclu au concours du Conservatoire avec seulement un deuxième accessit, il fit un bras d’honneur au jury qui lui ferma à tout jamais les portes de la Comédie-Française. Et, avant de quitter la scène, il fut porté en triomphe par ses camarades de cours sous les yeux médusés du jury.

Moderato Cantabile - On the bench
Durée : 01:59

« Pour être acteur, il faut un don, être très sincère et un peu plus que naturel », expliquait-il après le succès d’A bout de souffle, le film de Jean-Luc Godard (1960), qui a changé la carrière de Belmondo. Malgré sa gueule cabossée qui ne correspond pas aux canons de beauté exigés alors par le cinéma, il devient « une vedette » demandée par les plus grands metteurs en scène. On le voit aux côtés de Jeanne Moreau dans une adaptation du roman de Marguerite Duras (Moderato cantabile, de Peter Brook, en 1960) ou dans les bras de splendides actrices italiennes sous la direction de Vittorio de Sica.

Il s’affiche aussi dans les premiers films de Claude Sautet, de Jean-Pierre Melville, d’Henri Verneuil ou de Philippe de Broca, qui feront de lui un acteur très populaire. Mais c’est surtout une nouvelle fois avec Jean-Luc Godard dans Pierrot le Fou (1965) qu’il devient l’acteur emblématique des années 1960 encensé par la critique. Il joue alors dans la cour des grands : Jean Gabin partage avec lui un duo d’ivrognes d’anthologie dans Un singe en hiver (1962) et il tient la dragée haute à Lino Ventura dans Cent mille dollars au soleil (1964), deux films d’Henri Verneuil.

En 1969, il fait un carton aux côtés de Bourvil avec Le Cerveau, de ­Gérard Oury, mais n’oublie pas de tourner avec François Truffaut (La Sirène du Mississippi, en 1969) et Alain Resnais (Stavisky, en 1974). Petit à petit, le comédien bondissant adepte des cascades sans doublures laisse la place à l’acteur commercial dont le nom devient une marque. ­Belmondo est devenu « Bébel », et c’est dommage.

Belmondo, le magnifique, de Bruno Sevaistre (Fr., 2017, 90 min).