Il cachait de moins en moins son envie de peser dans la vie politique. François Hollande a officiellement pris, mardi 5 septembre, la présidence de la fondation La France s’engage. Près de quatre mois après avoir quitté l’Elysée, François Hollande a été élu dans la soirée par le conseil d’administration de la fondation. L’ancien président de la République a déclaré, dans un communiqué :

« La France s’engage est un projet que j’ai lancé comme président de la République et qui se poursuit aujourd’hui dans le cadre d’une fondation. Je continuerai à accompagner et valoriser les initiatives qui font bouger la France et qui témoignent que le meilleur de l’innovation peut bénéficier non seulement à l’économie, mais aussi à la solidarité. »

Porté en 2014 par l’ex-ministre socialiste de la ville, de la jeunesse et des sports Patrick Kanner, le programme « La France s’engage » visait à identifier et soutenir des initiatives socialement innovantes. Dotée d’un budget de 30 millions d’euros annuels (dont 16,5 millions venant des fondateurs privés BNP, Total, Andros et Artémis, 8,5 millions d’argent public et environ 5 millions sous forme de moyens techniques ou humains mis à disposition par les partenaires), la fondation, déclarée d’utilité publique en mars, est en train de recruter une équipe de huit personnes.

Parmi elles, le directeur général Jean Saslawsky, ancien de Médecins du monde et d’Action contre la faim, nommé en juillet. La fondation sera hébergée à la Station F, « le plus grand campus de start-up au monde », fondé par Xavier Niel et hébergé dans la Halle Freyssinet à Paris (13e). François Hollande, « qui s’implique beaucoup dans le projet », « s’y rendra une fois par semaine », selon son entourage.

Un retour en politique ?

Pour l’ancien chef de l’Etat, « attaché affectivement » à cette « initiative concrète » qu’il a portée durant son quinquennat, c’est un moyen de « continuer à être utile », « une manière d’exprimer ses valeurs sans être dans la politique partisane ou élective », explique son ancien conseiller en communication Gaspard Gantzer.

« Indéniablement, c’est une tribune », où « il aura l’occasion de pointer des choses ». « C’est une bonne transition pour continuer à être actif », dit un autre proche. En terme d’image, il peut « être intéressant pour François Hollande d’associer son nom à quelque chose d’innovant, à cette “french tech” sociale et sociétale », note un troisième.

Si Gaspard Gantzer n’a « jamais entendu François Hollande évoquer un retour en politique au sens classique », un autre proche du chef de l’Etat estime qu’avec lui, « tout est toujours possible ». L’intéressé n’a-t-il d’ailleurs pas expressément affirmé qu’il ne se retirait pas de la vie politique ?

Durant tout l’été, l’ancien président a semblé brûler de revenir dans le jeu politique, malgré sa promesse de s’astreindre à une période de réserve. Après avoir vanté son bilan fin juillet à Arles, l’ancien chef de l’Etat a adressé fin août, à Angoulême, une vigoureuse mise en garde à Emmanuel Macron, l’exhortant à ne pas « demander aux Français des sacrifices qui ne sont pas utiles ». Une manière pour le président de « rappeler à tout le monde qu’il était là », souligne un ami.