L’évasion, dimanche 3 septembre, d’une centaine de détenus de la prison de Katiola, dans le centre de la Côte d’Ivoire, a été permise grâce à une « complicité » parmi les gardiens, a estimé lundi le maire adjoint de la ville. « C’est incompréhensible. La clôture de la prison fait six mètres de haut et il y a plusieurs portes avant le grand portail. Il y a eu forcément une complicité interne. Il y a un individu, un garde pénitentiaire qui a ouvert la prison », a déclaré à l’AFP le premier adjoint au maire de Katiola, Coulibaly Ouamien.

« Quatre-vingt-dix-huit détenus » se sont évadés à l’aube dimanche de la prison de cette ville située à 45 km au nord de Bouaké, a annoncé le directeur de l’administration pénitentiaire, Joachim Kongoué Koffi, dans un communiqué. M. Koffi a également fait état du limogeage des responsables de la prison et de l’arrestation de « trente-six » détenus en fuite.

Complicité interne

« Parallèlement aux enquêtes en cours, Mme le régisseur et les agents pénitentiaires qui étaient de garde ont été suspendus et relevés de leurs fonctions, en entendant la conclusion de l’enquête administrative », souligne le texte, transmis à l’AFP. Auparavant, une source judiciaire du tribunal évoquait la « reprise de vingt-deux évadés », soulignant que « le ratissage se poursuit pour pouvoir reprendre tous les prisonniers ».

Le directeur de l’administration pénitentiaire avait confirmé l’évasion dimanche, indiquant seulement qu’ils avaient « enlevé une partie de la toiture de leur cellule ». Selon une source judiciaire à Katiola, ce sont « des lieutenants du célèbre Yacou le Chinois [un caïd tué en 2016] qui sont à la base de cette évasion massive ».

« Les détenus sont passés par le toit de leur cellule pour gagner d’autres cellules et ils ont profité de la sortie des corvéables pour casser le grand portail et prendre la fuite », selon cette source. Accréditant l’hypothèse d’une complicité interne, une autre source judiciaire estime que « le dispositif sécuritaire est en partie responsable de cette évasion massive ». « Les prisonniers sont sortis de la prison sans fournir d’effort véritable », a ajouté cette source. D’après une autre source pénitentiaire, le grand portail « n’était pas fermé à clé ».

Série d’attaques

La question de la sécurité est brûlante en Côte d’Ivoire depuis le début de l’année, après des mutineries dans l’armée, une série d’attaques contre des postes de police et de gendarmerie, et, dernièrement, plusieurs évasions. La veille de la Fête de l’indépendance le 6 août, cinq prisonniers s’étaient évadés de la prison de Gagnoa, dans le centre du pays. Quatre gardiens de prison et un civil ont été arrêtés, soupçonnés de complicité.

Le 8 août, vingt personnes s’étaient évadées du palais de justice d’Abidjan, en plein centre-ville, après avoir agressé des policiers. Sept agents d’encadrement des établissements pénitentiaires, dont le commandant du palais de justice, avaient été relevés de leurs fonctions.