Serait-ce le début d’une réconciliation ? Jean-Luc Mélenchon, le chef de file de La France insoumise (LFI), et plusieurs de ses députés, doivent en effet rencontrer Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, mercredi 6 septembre à l’Assemblée nationale. Au programme : l’articulation des deux journées de mobilisation contre les ordonnances réformant le code du travail. Le 12 septembre à l’appel de la CGT et de SUD ; le 23 septembre à l’initiative de LFI qui a mis en place une « marche contre le coup d’Etat social ».

« On veut lui dire comment on voit les choses, que notre marche n’est pas en contradiction avec la journée syndicale, glisse-t-on à la direction de LFI. Les deux initiatives se complètent. On n’a jamais imaginé le 23 comme se substituant à la journée de mobilisation syndicale. D’ailleurs, on sera tous présents le 12 et on appelle à y participer. »

Ce rendez-vous sera surtout utile pour retisser les liens entre MM. Mélenchon et Martinez dont les relations sont plutôt fraîches depuis quelques mois. « Ils ne se parlent plus », confirme un haut dirigeant syndical. En 2012, celui qui était alors le candidat du Front de gauche à la présidentielle avait pourtant été acclamé lors d’un rassemblement organisé par la centrale et il n’était pas rare de voir des chasubles et drapeaux CGT dans les meetings de l’ex-député européen. Changement de ton cinq ans plus tard où le syndicat désormais dirigé par Philippe Martinez a semblé prendre ses distances.

« Signe positif »

L’annonce de la manifestation du 23, qui peut apparaître comme concurrente de celle du 12 n’a rien arrangé. Le leader de la CGT s’est d’ailleurs clairement démarqué de la « marche contre le coup d’Etat social » lors de sa conférence de presse de rentrée. Comme le rappelle Fabrice Angeï, un dirigeant de la CGT, « on a décidé de longue date une participation à la marche de la paix le 23 septembre ». « Après le 12, il y aura une nouvelle date dans la semaine qui suit, voire une poursuite de la grève le 13 dans les secteurs les plus mobilisés », ajoute-t-il.

Les tensions politiques entre LFI et le PCF ne sont pas étrangères non plus à ce revirement de la CGT qui reste influencée par le communisme. D’ailleurs, place du Colonel-Fabien, on regarde le rendez-vous entre les deux hommes d’un œil circonspect. « Je suis pour la discussion et les convergences les plus larges », estime Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Et l’élu palois prévient les « insoumis » : « Si certains pensent représenter à eux seuls l’opposition, ils accompagneront la politique gouvernementale. Il faut une plate-forme commune, que l’ensemble des forces opposées à la politique d’Emmanuel Macron se donnent rendez-vous pour discuter. »

LFI, elle, est plutôt satisfaite de ce « signe positif ». « Nous sommes très contents de le voir. Le lien n’a jamais été rompu, assure-t-on. Mais Martinez souffle le chaud et le froid avec nous. Il se couvre de tous les côtés, il est un peu compliqué… »